Plusieurs centaines d'habitants, très affectés, ont marché lundi pour réclamer "justice" pour Théo, le jeune homme blessé par la police qui a livré le récit de son interpellation à Aulnay-sous-Bois. Il raconte avoir été violé et insulté.
Plusieurs centaines de personnes, mères de famille en première ligne, ont participé lundi 6 février à une marche à Aulnay-sous-Bois pour demander justice pour Théo, un jeune homme de 22 ans qui a été gravement blessé jeudi lors de son interpellation par une équipe de police.
Les manifestants, parmi lesquels de nombreux jeunes vêtus d'un T-shirt blanc réclamant "justice" et des mères de famille inquiètes pour leurs enfants, se sont rassemblés au pied de l'immeuble où vit le jeune homme, dans la cité des 3 000, avant de défiler vers l'antenne du commissariat située au cœur de cette vaste cité de Seine-Saint-Denis, en chantant la Marseillaise.
Une maman appelle le commissariat et demande à être reçue par le commissaire : "on recommencera jusqu'à qu'on soit reçu". #JusticePourTheo pic.twitter.com/RJNa8fsLGc
— Kozi Pastakia (@Kozi_P) 6 février 2017"Non à la violence" et "On est tous Theo" scandent les manifestants #justicepourtheo #aulnaysousbois pic.twitter.com/RoXze8l0uR
— Kozi Pastakia (@Kozi_P) 6 février 2017Dimanche soir, un policier a été mis en examen pour viol et trois de ses collègues pour violences volontaires en réunion. Les quatre fonctionnaires ont été suspendus de leurs fonctions.
La version de Théo : viol, crachats et insultes racistes
Interrogé par plusieurs médias lundi, Théo a livré sa version détaillée de l’interpellation. Le jeune homme raconte qu’il se fait arrêter au moment où il croise "des jeunes du quartier". Les policiers leur demandent de se mettre contre le mur.
"Je me mets contre le mur, tranquillement, et là un des policiers vient et m'assène un coup", raconte Théo. "J'étais de trois-quarts, je voyais ce qu'il faisait derrière moi. Je l'ai vu avec sa matraque : il me l'a enfoncée dans les fesses, volontairement. Je suis tombé sur le ventre, j'avais plus de force, on dirait que mon corps m'avait laissé", décrit-il.
Théo évoque ensuite, lors du trajet dans la voiture qui le mène au commissariat, les "coups", les parties intimes "matraquées", les crachats et les insultes ("négro", "bamboula", "salope"). Jusqu'à son arrivée dans les locaux de la police où un fonctionnaire aurait lancé : "Je pense qu'il faut l'amener se faire opérer, c'est grave."
Nuit de tension à Aulnay-sous-Bois
Depuis, la tension est forte à Aulnay-sous-Bois. Pour la deuxième nuit consécutive, des incidents ont éclaté dans le quartier, où cinq jeunes ont été placés en garde à vue dans la nuit de dimanche à lundi après des tirs de mortier artisanal. Plusieurs voitures ont été incendiées et de nombreux feux de poubelles recensés.
Les réactions de plusieurs candidats à la présidentielle et de leurs soutiens n'ont pas tardé.
Mes pensées pour Théo et sa famille. Il faut une enquête déterminée et transparente. #justicepourtheo 1/2
— Benoît Hamon (@benoithamon) 6 février 2017Les policiers représentent la République qui protège. Il y a urgence à rétablir la confiance #justicepourtheo 2/2
— Benoît Hamon (@benoithamon) 6 février 2017Soutien à Théo et sa famille. Expulsion des tortureurs de la police républicaine. #justicepourtheo
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 6 février 2017"S'il y a eu acte répréhensible, ce ne doit pas être un prétexte à ce que la racaille commette des exactions."#les4verites #AulnaySousBois
— Nicolas Bay (@nicolasbayfn) 6 février 2017Avec AFP