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L’hôtel de Trump à Washington : un symbole des risques de conflit d’intérêts

Le Trump International Hotel à Washington est devenu le QG de la célébration de l’investiture du nouveau président. Si l’ambiance est à la fête, ce bâtiment risque de devenir le premier cas de conflit d’intérêts pour Donald Trump.

De la théorie à la réalité. À peine investi, le 45e président des États-Unis Donald Trump, sera peut-être déjà hors-la-loi. Son hôtel à Washington – le Trump International Hotel, situé à une vingtaine de minutes à pied du Capitol – risque de devenir la première source de conflit d’intérêts entre Donald, l'ex-homme d'affaire milliardaire, et Trump, le 45e nouveau président des États-Unis.

L’établissement appartient, en effet, à l’Office public des postes. En 2013, Donald Trump a signé un contrat de location de 60 ans avec l’État pour pouvoir y exploiter un hôtel, contre un loyer annuel de trois millions de dollars. Une clause du contrat stipule qu’aucun “membre du Congrès, ou du gouvernement des États-Unis ne peut détenir une participation à ce contrat ou en bénéficier de quelque sorte”, rapporte le New York Times. Donald Trump a, certes, délégué ses affaires à ses deux fils. Mais il reste l’actionnaire majoritaire de l'établissement et a un intérêt financier très personnel à son succès puisqu’il y a investi 2,4 millions de dollars.

Un demi-million de dollars pour une suite de 585 m²

Pour le Trump International Hotel, la cérémonie d’investiture est une aubaine. Il est devenu le QG de la préparation des festivités. “Les affaires marchent du tonnerre”, reconnaît au Washington Post Mickael Damelincourt, le gérant de l’établissement. Des bals y sont organisés pour fêter l’événement et les principaux donateurs du nouveau président y résident. Le prix d’une chambre est de 735 dollars par nuit. L’hôtel a même proposé une offre spéciale pour la semaine d’investiture : pour la modique somme de 500 000 dollars, vous pouvez dormir dans une suite de 585 m² et bénéficier de quelques extras dont le détail n’a pas été rendu public.

La veille de la cérémonie d’investiture, Donald Trump a réuni dans son hôtel des responsables du Parti républicain pour un dispendieux déjeuner dans la salle de bal présidentiel. Le bar de l’hôtel propose, pour 100 dollars, un cocktail très particulier à base de vodka, d’huîtres et de caviar qui connaît un franc succès parmi les supporters du président de passage à l’hôtel, raconte le New York Times.

Des sous et des hommes

“Cet immeuble est le symbole du champ de mines que le président a décidé de traverser”, juge Elijah E. Cummings, un représentant démocrate chargé d’enquêter sur les potentiels abus commis par des membres de l’administration présidentielle. Car les questions au sujet du Trump International Hotel ne manquent pas. L’État peut-il ou doit-il rompre le contrat de location à cause de la clause ? Pour Elijah E. Cummings, l’agence fédérale des services généraux n’a pas d’autres choix que de “déclarer qu’il y a rupture de contrat”. “Tous les éléments d’un scandale sont réunis”, ajoute Steven Schooner, un professeur de droit public à l’Université George Washington, interrogé par le New York Times.

Par ailleurs, les dépenses des clients violent-elles la règle constitutionnelle qui interdit à un officiel américain de recevoir des cadeaux d’autres gouvernements ? Certes, Donald Trump a assuré que les revenus générés par les nuits d’hôtel seront intégralement reversés au Trésor public. Mais le président n’a pas précisé si cette générosité s’étendrait également aux notes des restaurants ou aux profits générés par certains événements comme les conférences.

Surtout, les conflits d’intérêts ne se limitent pas qu’à une question financière. Des conflits d’intérêts peuvent aussi surgir de la gestion du personnel de son hôtel, au même titre que des autres établissements de l’empire Trump. “Si des employés se plaignent de discrimination, de problème de sécurité sur les lieux de travail, ils vont devoir se tourner vers des agences fédérales, supervisées par l’administration Trump, pour faire des enquêtes”, note le New York Times.

L’équipe du nouveau président a tenté de balayer le début de polémique d’un revers de la main. “Que Donald Trump se rende à son hôtel à Washington ne devrait vraiment étonner personne, c’est un endroit merveilleux dont il peut être fier et j’encourage tout le monde à y aller”, a déclaré Sean Spicer, l’un des porte-parole du président.

Les nouveaux hommes du président n’ont aucune envie qu’on vienne leur gâcher la fête avec des questions de contrat et de conflits d’intérêts. Mais après les célébrations, le retour à la réalité légale pourrait être amer.