Une mutinerie dans une prison du nord du Brésil a fait au moins 56 morts, dans la nuit de dimanche à lundi. Des affrontements entre détenus appartenant à deux organisations criminelles se disputant le contrôle du trafic de drogue en sont à l'origine.
La guerre entre gangs criminels a provoqué un bain de sang dans la nuit de dimanche à lundi 2 janvier lors d'une mutinerie dans une prison de Manaus dans le nord du Brésil : 56 détenus ont été massacrés, et nombre d'entre eux ont même été décapités, a annoncé le responsable de l'administration pénitentiaire locale.
Les autorités ont révisé à la baisse le premier bilan de 60 morts donné par Pedro Florencio, le secrétaire à l'Administration pénitentiaire de l'État d'Amazonie. Le bilan donné est de 56 morts.
"Il s'agit du plus grand massacre commis dans une prison en Amazonie", a déclaré Sergio Fontes, secrétaire à la sécurité publique de l'État d'Amazonie, où se trouve l'établissement, lors d'une conférence de presse. "Les prisonniers ont été tués par d'autres détenus, lors d'affrontements d'une extrême violence qui ont duré plus de quinze heures", a-t-il ajouté.
Douze surveillants pris en otage pendant dix-sept heures
La mutinerie, pendant laquelle 12 surveillants ont été pris en otage, a duré dix-sept heures entre dimanche après-midi et lundi matin dans le complexe pénitentiaire Anisio Jobim (Compaj), située en périphérie de Manaus.
Elle a été provoquée par un affrontement entre détenus appartenant à deux organisations criminelles, le groupe local Familia do Norte (FDN), et le Premier commando de la capitale (PCC), fondé à Sao Paulo.
"Pendant les négociations, les prisonniers n'ont pratiquement rien exigé, juste qu'il n'y ait pas d'excès quand la police entrerait", a précisé déclaré Sergio Fontes. "Nous croyons qu'ils ont fait ce qu'ils voulaient : tuer des membres de l'organisation rivale et obtenir la garantie qu'ils ne seraient pas agressés par la police. La FDN a massacré les membres présumés du PCC et d'autres rivaux", a-t-il ajouté.
Selon l´Organisation des Avocats du Brésil (OAB), plus de 130 détenus se sont enfuis de la prison. "Nous n´avons toujours pas le nombre de fugitifs parce que les opérations dans la prison sont toujours en cours", a décrit Sergio Fontes. Il a indiqué que 16 tunnels, par lesquels des prisonniers se sont échappés, avaient été découverts.
Seize tunnels découverts
À Manaus, les règlements de compte entre narcotrafiquants incarcérés ont pris une ampleur sans précédent depuis le massacre de Carandiru, qui a fait 111 morts en 1992, à Sao Paulo. En octobre, une autre mutinerie avait déjà fait 33 morts dans deux prisons de la région amazonienne, dans les États de Rondonia, frontalier de la Bolivie, et de Roraima, limitrophe avec le Venezuela.
"Cette guerre entre factions a lieu dans tout le pays, dans toutes les unités pénitentiaires", a confirmé Pedro Florencio, secrétaire pénitentiaire de l'État d'Amazonie, qui a évoqué une "vengeance" du groupe local FDN contre le PCC, fondé à Sao Paulo.
Les mutineries sont fréquentes dans les prisons surpeuplées du Brésil, qui sont contrôlées en interne par les factions criminelles se disputant le contrôle du trafic de drogue.
Avec 622 000 détenus recensés par le ministère de la Justice fin 2014, le Brésil compte la quatrième population carcérale au monde, derrière les États Unis, la Chine et la Russie.
Au niveau national, le taux d´occupation est de 167 %, soit 1,67 détenu par place disponible, un chiffre qui s´élève à 2,59 en Amazonie, qui comptait 8 868 détenus en 2014.