
Le policier qui avait abattu Keith Lamont Scott, un afro-américain de 43 ans, en septembre dernier à Charlotte ne fera l'objet d'aucune poursuite car son action était "conforme à la loi", a annoncé mercredi le procureur local.
Il ne fera l'objet d'aucune poursuite. L'action de Brentley Vinson, le policier noir qui a tiré à quatre reprises sur Keith Lamont Scott, un Afro-américain de 43 ans mort le 20 septembre dernier à Charlotte, était "conforme à la loi" à déclaré mercredi 30 novembre le procureur du comté de Mecklenburg, Andrew Murray.
Lors d'une conférence de presse, ce dernier a rapporté que Keith Lamont Scott portait sur lui une arme ainsi qu'un holster (étui contenant un pistolet). Il a également assuré que les images montraient bien les demandes répétées de la police pour qu'il lâche son arme. "Scott n'a pas obéi aux ordres, a agi de façon aberrante, est sorti de son véhicule arme au poing, n'a pas couru, n'a pas lâché son arme, pas laissé son arme dans la voiture, mais reculé, s'adressant aux policiers", a énuméré Andrew Murray.
Selon lui, le policier Brentley Vinson s'est donc senti en situation de danger "imminent" et a fait feu sur Keith Lamont Scott au niveau du poignet, de l'abdomen et de l'épaule. "Je suis pleinement satisfait et entièrement convaincu que l'utilisation de la force létale par l'officier Vinson était conforme à la loi", a-t-il jugé pour justifier l'absence de poursuites.
L'un des avocats de la famille de Keith Lamont Scott, Eduardo Curry, a expliqué que les conseils allaient repasser en revue tout le dossier, afin de "mener une enquête minutieuse" sur l'investigation policière elle-même. La famille, elle, est "toujours effondrée par cette perte".
Une vidéo qui entretient le doute
Le 20 septembre dernier, alors que Keith Lamont Scott roule un joint dans sa voiture stationnée devant chez lui à Charlotte, deux policiers qui passent par là l'aperçoivent et lui demande de sortir de son véhicule. C'est à ce moment-là que Rakeyia Scott, la femme de la victime, présente sur les lieux, commence à filmer.
Dans la vidéo diffusée par les médias, on voit son époux tenu en joue par plusieurs policiers. Elle leur demande de ne pas tirer tandis que les policiers ordonnent à Scott de lâcher son arme, sans que l'on puisse voir où il se trouve exactement.
"Il n'a pas d'arme ! Il a un problème cérébral. Il ne va rien vous faire, il vient de prendre ses médicaments !", prévient Rakeyia Scott. La femme crie ensuite à son mari la chose suivante : "Keith, ne les laisse pas casser la vitre, sors de la voiture ! Keith, ne fais pas ça ! Keith ! Sors de la voiture ! Ne fais pas ça ! Keith !" Plusieurs détonations retentissent alors et l'épouse se met à crier : "Vous lui avez tiré dessus ? Vous lui avez tiré dessus ? Vaudrait mieux pour vous qu'il ne soit pas mort !" Rakeyia Scott continue à filmer, son mari étant étendu à plat ventre sur la chaussée, entouré par quatre policiers.
La vidéo ne montre aucune arme visible près du corps de Keith Scott. Toutefois, la publication par la police d'images vidéo de l'incident entretient le flou sur une question cruciale : était-il nécessaire d'abattre Keith Lamont Scott, qui ne semblait pas menaçant et n'apparaissait pas clairement armé ?
De nombreuses affaires similaires
Cet énième décès d'un Noir abattu par un policier (même si dans ce cas précis il n'est pas Blanc) alimente encore un peu plus la colère et la rancœur de la communauté afro-américaine aux États-Unis.
Le pays est meurtri par la multiplication d'affaires semblables depuis deux ans qui ont conduit à de violentes manifestations. On se souvient notamment de la mort de Michael Brown le 9 août 2014 à Ferguson abattu par la police alors qu'il ne portait pas d'arme, de celle d'Eric Garner le 17 juillet 2014 ou plus récemment du décès de Terence Crutcher abattu par les forces de l'ordre alors qu'il regagnait son véhicule dans l'Oklahoma.
Avec AFP.