
Donald Trump a offert le poste de secrétaire du Trésor à Steve Mnuchin, un vétéran de Goldman Sachs qui a été l’un des rares banquiers de haut vol à avoir activement soutenu la candidature du milliardaire américain.
Donald Trump, le candidat, avait fustigé à plusieurs reprises le monde de la finance. Pourtant, à peine élu président des États-Unis, il a nommé un pur produit de Wall Street au poste très stratégique de secrétaire au Trésor : Steven Mnuchin, selon l'annonce même de l'intéressé mercredi 30 novembre.
Cet ancien banquier de Goldman Sachs, ex-gérant d'un hedge fund, sera chargé de mettre en application certaines des promesses de campagne les plus emblématiques et controversées du futur 45e locataire de la Maison Blanche. Steven Mnuchin devra exercer une pression commerciale sur la Chine, sortir des négociations sur le Traité transpacifique (TPP) ou encore revisiter le rôle du pays au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Hamptons, Yale et Goldman Sachs
Une lourde tâche pour laquelle ce quinquagénaire (53 ans) n’a aucune qualification politique. Il a reconnu lui-même n’avoir aucune expérience des arcanes du pouvoir et des questions de politique économique. Sa nomination au poste de secrétaire au Trésor est, avant tout, une récompense pour sa loyauté. Steven Mnuchin est l’un de rares banquiers de haut vol à avoir activement soutenu Donald Trump, puisqu’il a joué le rôle de responsable du financement de la campagne du candidat républicain.
Il a soutenu l’homme, bien plus que l’idéologie. Steven Mnuchin n’a rien à voir un Jeff Sessions, futur procureur général des États-Unis, considéré comme un faucon conservateur ou Betsy DeVos, la très controversée prochaine ministre de l’Éducation. Steven Mnuchin a, selon ses propres dires, toujours soutenu financièrement des candidats… démocrates, avant Donald Trump. Et que la loi Dodd-Franck, tentative de Barack Obama de réguler le secteur financier, contient des mesures intéressantes.
En fait, son principal point commun avec Donald Trump est d’évoluer essentiellement dans un monde ultra-huppé. “Comparé à l’environnement privilégié dans lequel Steven Mnuchin est né, l’aisance de la famille de Donald Trump fait figure de milieu ordinaire”, résume Bloomberg dans un portrait consacré au futur secrétaire au Trésor. Son grand-père a fondé un club de yachts dans la très riche région des Hamptons, au nord-est de New York. Son père, Robert, a été l’un des traders les plus en vue de Goldman Sachs. Mnuchin fils a ensuite suivi l’exemple paternel : étude à Yale, puis 17 années passées dans la célèbre banque d’investissement américaine.
Redoutable collecteur de dettes
Mais en 2004, Steven Mnuchin coupe le cordon ombilical et crée un hedge fund. Avec le soutien financier du milliardaire philanthrope (et ami de la famille Clinton) Georges Soros, il lance Dune Capital Management qui lui permettra, essentiellement, d'investir dans des productions hollywoodiennes. C’est notamment grâce aux fonds de Steven Mnuchin que le film Avatar – l’un des plus rentables de l’histoire du cinéma – verra le jour.
Losrque la crise fincancière de 2008 éclate, il flaire la bonne affaire. Il rachète pour un peu plus d’un milliard de dollars la banque IndyMac, en faillite. Steven Mnuchin rebaptise l’établissement OneWestBank, renverse sa situation économique et réussit à le revendre pour trois fois le prix d’achat. Une culbute financière. Mais Steven Mnuchin y a laissé quelques plumes. À la tête de la banque – qui détenait un grand nombre de créances hypothécaires douteuses – il s’est transformé en redoutable collecteur de dettes. En 2009, un tribunal de Suffolk (État de New York) a même jugé que les méthodes de la banque étaient “dures, répugnantes, choquantes et repoussantes”. En 2011, une centaine de manifestants se sont présentés devant la maison du banquier l’appelant à “cesser de saisir des maisons”.