Donald Trump a accepté vendredi de débourser 25 millions de dollars afin d’obtenir un accord amiable avec un groupe d’anciens étudiants de sa défunte "Trump University" qui estimaient avoir été victimes d’une escroquerie.
Vingt-cinq millions de dollars. C’est la somme que Donald Trump a accepté de payer, vendredi 18 novembre, pour éviter que sa transition vers la Maison Blanche ne soit entachée par un procès pour fraude lié à sa défunte "Trump University".
"Ce compromis à 25 millions de dollars scelle un revirement spectaculaire de Donald Trump et une victoire pour les plus de 6 000 victimes de son université frauduleuse", a salué vendredi le procureur de New York, Eric Schneiderman, qui a engagé des poursuites en 2013 parallèlement à des plaintes en action collectives déposées en Californie en 2010.
Outre les indemnités versées à ses anciens "étudiants", M. Trump devra s'acquitter d'une amende d'un million de dollars pour violation de la législation sur l'éducation.
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— RFI (@RFI) 14 septembre 2015Un procès avait été fixé au 28 novembre en Californie pour cette affaire remontant à l'époque où il n'était qu'un magnat de l'immobilier et une star de télé-réalité.
"Dès le premier séminaire, je me suis rendu compte que c'était bidon"
"Même si nous n'avons aucun doute sur le fait que l'Université Trump aurait eu gain de cause au procès, le règlement de ces litiges permet au président élu de se dévouer entièrement aux importants problèmes de notre grande nation", a assuré la Trump Organization dans un communiqué.
Pour Daniel Petrocelli, principal avocat du camp Trump, le futur président a "mis de côté ses sentiments personnels pour clore le dossier", a-t-il déclaré aux médias locaux, ajoutant : "c'est une victoire pour tout le monde".
Donald Trump n'a ni nié ni admis de faute dans le cadre de l'accord.
Jason Forge, l'un des avocats des plaignants, s'est dit auprès de l'AFP "extrêmement satisfait. Cet homme se bat pour ses convictions (...) donc cet accord signifie qu'il estime que les étudiants méritaient une vraie compensation".
C'est en 2004 que l'Université Trump avait vu le jour, promettant de révéler les secrets pour faire fortune dans l'immobilier, moyennant finances.
Six ans plus tard, cette structure à but lucratif qui ne délivrait pas de diplômes fermait ses portes sur fond de polémiques : plusieurs étudiants s'estimaient floués, assuraient n'avoir eu droit qu'à des séminaires onéreux et de piètre qualité et saisissaient la justice.
"Dès le premier séminaire, je me suis rendu compte que c'était bidon, parce qu'ils essayaient de me vendre un autre programme pour 9 000 dollars", confiait récemment à l'AFP l'un des plaignants, Robert Guillo. "C'était une escroquerie !".
Selon des dépositions transmises à la justice, d'anciens employés avaient reconnu que l'Université Trump était un "mensonge total" et que les formations étaient dispensées par des gens "non qualifiés qui se faisaient passer pour 'des bras droits' de Donald Trump".
"Il essaye de faire au peuple américain ce qu'il a fait aux gens qui se sont inscrits à ces cours"
Ce dernier a toujours rejeté catégoriquement ces accusations en mettant en avant de nombreux témoignages d'anciens étudiants satisfaits de leur formation.
L'affaire prend cependant une toute autre ampleur pendant la course à la Maison Blanche. Pendant les primaires républicaines, les adversaires de Donald Trump s'en saisissent pour mettre en cause la probité du magnat de l'immobilier.
"Il essaye de faire au peuple américain ce qu'il a fait aux gens qui se sont inscrits à ces cours", avait ainsi affirmé un de ses rivaux, le sénateur Marco Rubio.
Son adversaire démocrate Hillary Clinton avait quant à elle assuré que l'affaire démontrait que le candidat républicain était "une escroquerie". Des attaques qui se sont révélées vaines.
La Trump University avait également failli coûter cher au candidat Trump lorsqu'il avait mis en cause l'impartialité du juge fédéral en charge de l'affaire, Gonzalo Curiel, en raison de ses "origines mexicaines".
"Je construis un mur (entre le Mexique et les États-Unis). C'est un conflit d'intérêts [pour le juge]", avait assuré M. Trump en juin, provoquant un tollé, qui ne l'a toutefois pas empêché de conquérir la Maison Blanche.
Le compromis revient sur l'engagement maintes fois répété par le milliardaire de ne jamais en faire.
"J'aurais pu conclure un accord plusieurs fois (...) mais je ne fais pas ça", avait-il clamé en mars, assurant attendre le procès avec impatience.
Eric Schneiderman rappelle dans son communiqué que Trump a combattu sa plainte "à chaque étape, déposant des accusations et appels sans fondements et refusant même de modestes indemnisations des victimes de son université bidon. Tout cela a changé (vendredi)".
Avec AFP