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Liban : former un gouvernement consensuel, le casse-tête du Premier ministre Saad Hariri

Le président libanais Michel Aoun a demandé à Saad Hariri de former un gouvernement. Trouver un consensus entre les nombreux courants politiques libanais : la tâche s'annonce ardue pour le nouveau Premier ministre.

Saad Hariri, figure libanaise sunnite, a été nommé, jeudi 3 novembre, au poste de Premier ministre par le président de la République, Michel Aoun, ancien militaire chrétien maronite et allié du Hezbollah chiite.

Son retour aux affaires, lui qui a déjà occupé ce poste entre 2009 et 2011, était attendu. Il s'inscrit dans le cadre d'un accord avec Michel Aoun, qui était il y a peu l'un de ses principaux adversaires politiques.

La constitution du gouvernement : premier défi de Hariri

Premier défi pour le nouveau Premier ministre : la formation d'un nouveau gouvernement. "Je vais commencer mes consultations pour former un gouvernement d'unité nationale, basé sur un consensus de toutes les forces politiques, qui surmontera les divisions", a-t-il déclaré dans la foulée de cette nomination.

"Nous sommes dans une phase d’entente, de compromis, mais les vraies difficultés vont véritablement commencer avec la constitution du gouvernement. La distribution des portefeuilles est un vrai enjeu", estime Wassim Alahmar, chroniqueur de politique internationale chez France 24.

"Il va y avoir des secousses sur la route menant à la formation d'un gouvernement, notamment quand il faudra écrire le discours de politique générale, qui devra refléter un minimum de consensus sur les questions d'intérêt national", assure de son côté Maha Yahya, analyste au Centre Carnegie pour le Moyen-Orient.

Les législatives en ligne de mire

La journaliste du quotidien L’orient-Le Jour, Scarlett Haddad, se montre néanmoins optimiste. "Toutes les formations politiques ont conscience que les Libanais sont fatigués et qu’elles ont intérêt à démarrer rapidement ce nouveau mandat en vue des élections législatives qui doivent se tenir en juin", explique-t-elle. "Toujours selon son analyse, les différentes composantes politiques devront se concentrer sur les sujets qui concernent directement les Libanais et mettre de côté les sujets qui les divisent. C'est le cas du dossier syrien, sur lequel Saad Hariri, ennemi du président Bachar al-Assad, devra composer avec le Hezbollah, dont les troupes combattent aux côtés des forces du régime en Syrie."

"Ils devront évidemment évoquer les questions liées aux enjeux régionaux, mais ils le feront de manière très vague, avec des formules évasives, estime Scarlett Haddad. La priorité de ce nouveau gouvernement sera surtout de mettre en place des mesures socio-économiques, qui impactent la vie des Libanais, comme la résolution de la crise des déchets, les aides sociales ou la question des réfugiés." Sur ce point, Wassim Alahmar rejoint la journaliste de L’orient-Le Jour : "Il ne faut pas oublier que la première mission de ce nouveau gouvernement sera de préparer les législatives".

"Un mois d’optimisme s’ouvre"

La situation est d'autant plus critique au Liban, que le pays sort de vingt-neuf mois de vacance du pouvoir et qu'il fait face à une arrivée massive de réfugiés. Le pays à l'économie fragile en accueille aujourd’hui 1,5 million pour un peu moins de 4,5 millions d’habitants.

"Il n’y a eu aucune vraie décision sur des grands sujets. Le blocage était total et stérile, analyse Skarlite Hadad. Mais un mois d’optimisme s’ouvre. Les deux camps sont contents, ils reviennent tous les deux en force. Les Libanais sortent d’une longue attente de décisions, aujourd’hui ils attendent que la machine reparte enfin."