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Pourquoi le réquisitoire de Paul Magnette contre le CETA est sans doute le discours politique de l'année

Quand on croyait la politique morte, arrive le Belge Paul Magnette avec un discours contre le traité de libre-échange entre l'UE et le Canada (CETA) qui fera date. Rafraîchissant.

Juste quand on pensait que la politique était devenue une langue morte. Il suffit d'écouter (jusqu'au bout) le discours prononcé par Paul Magnette, ministre-président (premier ministre) socialiste de Wallonie, la région francophone de Belgique, pour se dire que finalement on avait peut-être complètement tort.

De quoi s'agit-il ? Le parlement de la petite Wallonie (3,5 millions d'habitants) refuse obstinément de ratifier le projet de traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (CETA) qui concerne potentiellement plus de 500 millions d'Européens. Son obstination a valu à Paul Magnette, encore inconnu il y a quelques jours en dehors de la Belgique, des comparaisons avec Astérix, le héros mythique gaulois qui resiste fièrement à l'envahisseur romain. Ici les puissances de l'argent qui veulent saper nos services publics, notre modèle social et notre belle qualité environementale. Son attitude menace de faire tout capoter et depuis quelques jours l'humble Magnette résiste aux multiples pressions de chefs d'États européens (parmi lesquels François Hollande) et du préident de la Commission Jean-Claude Juncker. Sans potion magique mais avec ses convictions, solide et droit dans ses bottes.

Des arguments de bon sens

Ce que reproche Paul Magnette au CETA ? Sur la forme, le fait que la Commission européenne ait négocié en secret pendant des années. Sur le fond, entre autres griefs, qu'un mécanisme d'arbitrage permettrait à des interêts privés de contester (et donc de faire annuler) des dispositions législatives prises par des États parce qu'elles les considéreraient comme des entraves à leur "business".

On peut penser ce qu'on veut du CETA et même que l'abaissement des droits de douane entre l'UE et le Canada offrirait de nombreuses opportunités aux entreprises européennes et donc wallonnes. Et aussi que la petite Wallonie ne saurait dicter sa loi à toute l'Europe.

Mais constatons que Paul Magnette fait aimer la politique en utilisant une langue claire, des arguments de bon sens, et en restant somme toute très modéré. Mieux, il se paye même le luxe de citer Emmanuel Kant dans le texte. Comme le remarque le journaliste politique Claude Askolovitch, quand un homme (ou une femme) politique française en fera autant, on pourra recommencer à faire des blagues belges.

Toujours est-il que la gauche antilbérale française est en train de se trouver un nouveau "chouchou". Le Grec Alexis Tsipras étant quelque peu passé de mode en raison des concessions qu'il a du faire à la Commission européenne, c'est Paul Magnette qui est pris pour modèle. Au point qu'Arnaud Montebourg, candidat à la primaire du Parti socialiste lui rend un hommage remarqué dans une tribune publiée par Le Monde :

"Hommage des Français à Paul Magnette" la version intégrale de ma tribune dans @lemondefr #CETA #TAFTA https://t.co/VFpV7v0h0a pic.twitter.com/7L4Hu2pOzo

— Arnaud Montebourg (@montebourg) 26 octobre 2016

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