Quatre personnes sont mortes et quatorze, dont cinq Casques bleus, ont été blessées lundi à Bangui au cours d'une journée "ville morte" organisée pour protester contre la présence de la force de l'ONU, la Minusca.
Bangui, la capitale centrafricaine, avait été déclarée "ville morte" lundi 24 octobre par un collectif de la société civile pour demander le retrait de la force de l'ONU (Minusca), accusée de "passivité" face aux groupes armés. Quatre civils ont été tués au cours des manifestations qui ont émaillé la journée et 14 personnes ont été blessées, dont cinq Casques bleus.
Dans un communiqué publié dans la soirée, la Minusca assure être "intervenue dès les premières heures de ce lundi à Bangui pour démanteler les barricades érigées par des manifestants hostiles".
Lundi matin, des Banguissois avaient érigé des barricades dans plusieurs quartiers pour bloquer la circulation des taxis. De nombreux commerces étaient fermés ainsi que les banques.
À la mi-journée, des Casques bleus avaient bloqué des manifestants qui se dirigeaient vers le quartier général de la Minusca pour faire un sit-in devant le bâtiment, ont indiqué des témoins à l'AFP. Les Casques bleus ont effectué des tirs de sommation pour disperser les manifestants.
"C'est là où les forces onusiennes existent qu'il y a des tueries"
Gervais Lakosso, coordonnateur de la société civile et organisateur de la journée "ville morte", a déclaré à la presse que le but de l’opération était que les habitants de Bangui restent chez eux "afin de marquer [leur] adhésion aux actions de la société civile demandant le retrait de la Minusca, et le ras-le-bol devant les tueries qui gagnent presque tout le pays".
"La mandat de la Minusca est clair, il vise à réduire la présence des groupes armés. Mais, c'est là où les forces onusiennes existent qu'il y a des tueries [...] La société civile estime que la Minusca fait preuve de passivité et de complicité", a-t-il accusé.
La Minusca, qui compte plus de 10 000 soldats et policiers, a rejeté avec vigueur de précédentes accusations analogues. Le gouvernement a, de son côté, condamné l'initiative de la coordination de la société civile.
Des attaques de groupes armés dans plusieurs localités de province ont fait plusieurs dizaines de morts ces dernières semaines.
La Centrafrique peine à se relever du chaos de la guerre civile provoquée en 2013 par le renversement de l'ex-président François Bozizé par des rebelles séléka ("coalition" en sango) majoritairement musulmans, qui avait entraîné une contre-offensive des milices antibalaka majoritairement chrétiennes.
Avec AFP