Alors que des centaines de policiers ont de nouveau manifesté malgré les tentatives d'apaisement du gouvernement, le chef du Parti socialiste a pointé la responsabilité du Front national dans ce mouvement de colère.
La colère reste vive chez les policiers français. Malgré la promesse du gouvernement de lancer des "concertations" sur leurs revendications, des agents ont organisé de nouvelles manifestations dans la nuit du mercredi 19 au jeudi 20 octobre.
"Cazeneuve, t'as perdu, la police est dans la rue !" : comme lundi au premier soir du mouvement de contestation, environ 300 policiers, en civil, se sont rendus dans la nuit sur l’avenue des Champs-Élysées, à Paris, où ils sont montés jusqu'à l'Arc de Triomphe, sous lequel ils ont entonné "La Marseillaise", avant de se disperser.
Les manifestants avaient été auparavant empêchés de faire route vers le ministère de l'Intérieur, place Beauvau, comme ils l'ambitionnaient. Ils étaient partis de la très symbolique place de la République, après un détour par l'hôpital Saint-Louis tout proche, où est soigné un adjoint de sécurité de 28 ans très grièvement brûlé dans une attaque au cocktail Molotov d'un véhicule de police à Viry-Châtillon (Essonne) le 8 octobre.
C'est cette agression qui a déclenché la fronde actuelle. Une gardienne de la paix de 39 ans, qui avait été également grièvement touchée, a quitté l'hôpital mardi soir.
Marseille, Nice, Nancy, Toulouse
Après Marseille et Nice, mardi, le mouvement a gagné encore d'autres villes. Une centaine d'agents se sont retrouvés mercredi soir devant l'hôtel de police à Nancy, selon une source syndicale. Et quelque 120 policiers se sont rassemblés à Toulouse pour dire leur "malaise".
À quelques mois de la présidentielle, la fronde a viré à la polémique politique. Le patron du Parti socialiste (PS), Jean-Christophe Cambadélis, a dénoncé la "patte" du Front national (FN) dans ces actions "hors la loi". "Pas de ‘patte’ mais un soutien sans faille, face à un pouvoir qui a manifestement de la haine pour la police", a répliqué le vice-président du FN, Florian Philippot, alors que la présidente du parti, Marine Le Pen, évoquait mercredi soir dans un message vidéo sur Twitter, un mécontentement "légitime et sain".
Mon message aux fonctionnaires de police : #JeSoutiensLaPolice pic.twitter.com/fvwAqq2aiN
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 19 octobre 2016Hollande appelle au dialogue
Sous le feu des critiques, l'exécutif s'est employé à calmer le jeu. François Hollande a réaffirmé son "soutien" aux policiers et appelé au "dialogue". Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a reçu "en urgence" dans l'après-midi de mercredi les syndicats, à leur demande, pour leur annoncer le lancement dès lundi de concertations dans les départements sur les revendications policières.
Les conclusions seront remises "en décembre pour mise en œuvre immédiate dès 2017". Un plan "de sécurité publique" sera lancé en novembre et "complété des résultats de la concertation", a assuré Bernard Cazeneuve, promettant un "dialogue riche", sur la dotation en nouveaux matériels ou l'amélioration des conditions de travail.
Les syndicats, confrontés eux-mêmes à la colère de la base, ont ensuite été reçus longuement par le ministre de la Justice. Alors que les policiers dénoncent régulièrement "l'impunité" dont jouiraient leurs agresseurs, Jean-Jacques Urvoas a promis "la plus grande fermeté".
À la sortie, le secrétaire général adjoint du syndicat Alliance, Frédéric Lagache, s'est cependant dit "déçu" par l'absence de "réponse", notamment sur un changement des règles de la légitime défense. Le syndicat demande désormais "une audience au président de la République".
Avec AFP