, avec dépêche – Quatre mois après les mouvements sociaux qui ont paralysé la Guadeloupe et la Martinique, Nicolas Sarkozy est arrivé dans les Antilles françaises, où il doit faire le point, deux jours durant, sur les état généraux de l'outre-mer.
Le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, est arrivé à Fort-de-France, en Martinique, à 19h30 (heure de Paris), accompagné du nouveau ministre de l'Intérieur, et fidèle du président, Brice Hortefeux. Marie-Luce Penchard, fraîchement nommée au poste de secrétaire d'État à l'outre-mer fait également partie du voyage.
C’est une visite délicate qui attend Nicolas Sarkozy. Le chef de l’État se rend jeudi en Martinique et vendredi en Guadeloupe, où il est attendu "de pied ferme" par le LKP et son porte-parole Elie Domota, fer de lance du mouvement de grève contre la vie chère du début d’année.
Officiellement, le président de la République vient faire le point sur l’avancée des travaux dans le cadre des états généraux de l’outre-mer, lancés le 21 avril et dont les conclusions seront rendues à la rentrée.
Nicolas Sarkozy vient aussi, selon son entourage, "rappeler un certain nombre de principes républicains". Premier visé, le LKP, le Collectif contre l’exploitation à l’origine d’un mouvement qui a paralysé la Guadeloupe pendant 44 jours et la Martinique 38 jours, de janvier à mars.
900 gendarmes appelés en renfort
Le LKP a refusé de participer aux états généraux qu’Elie Domota qualifie de "leurre". "Le gouvernement a déjà une politique pour les DOM dans les prochaines années. Tout est décidé à Paris mais on cherche une caution populaire", déclarait l’emblématique leader du collectif dans un récent article publié dans le Journal du Dimanche.
Le mouvement associatif et syndical compte tout de même être de la partie et organisera des manifestations en marge de la visite du chef de l’État. Près de 900 gendarmes ont été appelés en renfort en Guadeloupe et en Martinique en marge de ce déplacement.
Dire que Nicolas Sarkozy et les Antilles entretiennent des relations compliquées relève de l’euphémisme. En 2005, le ministre de l’Intérieur Sarkozy avait eu du mal à organiser une simple rencontre avec le poète antillais Aimé Césaire, choqué par la loi de février 2005 dont un article mentionnait "le rôle positif de la présence française outre-mer".
En début d’année, il a été reproché au chef de l’État d’avoir attendu le 24e jour du conflit avant d’intervenir. Les 580 millions d’euros débloqués par l’État n’ont pas suffit à éteindre les braises du mouvement.
Penchard, fraîchement nommée à l'Outre-mer, fait partie du voyage
Pour Axel Urgin, secrétaire national chargé de l’outre-mer au Parti socialiste, ce geste reste "un effet d’annonce". "On a additionné des poireaux, des navets et des carottes. Ces aides étaient conditionnées à un accord global entreprise par entreprise. Or, beaucoup, notamment les plus grosses, refuse l’application de cette accord", poursuit-il au micro de FRANCE 24.
Nicolas Sarkozy tentera cette fois-ci de marquer des points auprès des Antillais en se faisant accompagner de plusieurs enfants du pays devenus des personnalités en métropole, dont, entre autres, l’écrivain Daniel Piccouly ou la championne olympique d’escrime Laura Flessel.
Marie-Luce Penchard, fraîchement nommée secrétaire d’État à l’outre-mer du gouvernement Fillon IV, première personnalité des DOM-TOM à occuper ce poste, sera également du voyage.
Urgin, qui a occupé ce poste dans le gouvernement Jospin de 2000 à 2002, la décrit comme "une femme intelligente, qui a prouvé lors des élections européennes, qu’elle a gagnées, qu’elle avait du talent".
Des atouts suffisants ? La nomination de Penchard a d'ores et déjà entraîné la démission de la seule députée UMP de Guadeloupe…