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Malgré un couvre-feu, des centaines de personnes ont manifesté à Charlotte pour la quatrième nuit consécutive contre l'homicide d'un Afro-Américain par un policier. Ils réclament que soit rendue publique une vidéo de la police tournée lors du drame.

La mobilisation ne faiblit pas dans la ville américaine de Charlotte, en Caroline du Nord. Des centaines de personnes ont de nouveau manifesté dans la nuit de vendredi à samedi 24 septembre pour la quatrième soirée consécutive, malgré le couvre-feu imposé vendredi dans la ville.

Les manifestants réclament que soit rendue publique une vidéo de la police, tournée lors de la confrontation avec la victime, un père de famille afro-américain de 43 ans abattu par la police. 

La famille de la victime, qui a eu accès aux images jeudi, a indiqué que celles-ci montraient que Scott n'avait pas agi de manière agressive à l'égard des forces de l'ordre. La police soutient pour sa part que Scott tenait à la main une arme à feu et a ignoré l'ordre de la poser au sol. La famille affirmait qu'il tenait un livre. Toutefois, sur l'enregistrement vidéo, il est "impossible de distinguer" ce que Keith Scott tenait à la main, a reconnu la famille dans un communiqué.

Le chef de la police a estimé que la vidéo confirmait la version des faits établie par la police tout en admettant qu'elle ne démontrait pas que la victime avait brandi une arme à feu en direction des policiers. Il s'est refusé vendredi à la publier, jugeant que cela pourrait entraver l'enquête.

Des images dramatiques tournées par l'épouse de la victime

Vendredi la télévision NBC a diffusé une autre vidéo, dramatique, qui montre de façon imparfaite le moment du décès mardi de Keith Lamont Scott. Sur les images tournées par la femme de la victime, Rakeyia Scott, avec son smartphone, on peut voir son époux tenu en joue par plusieurs policiers.

"Ne tirez pas ! Ne tirez pas ! Il n'est pas armé ! Il n'a rien fait !", implore l'épouse, qui se trouve à une dizaine de mètres. "Lâche ton arme ! Lâche ton arme !", ordonne la voix d'un policier, sans que l'on puisse voir où Keith Scott se trouve exactement.

"Il n'a pas d'arme ! Il a un problème cérébral. Il ne va rien vous faire, il vient de prendre ses médicaments !", prévient Rakeyia Scott. La femme crie ensuite à son mari la chose suivante : "Keith, ne les laisse pas casser la vitre, sors de la voiture ! Keith, ne fais pas ça ! Keith ! Sors de la voiture ! Ne fais pas ça ! Keith !" Plusieurs détonations retentissent alors et l'épouse se met à crier : "Vous lui avez tiré dessus ? Vous lui avez tiré dessus ? Vaudrait mieux pour vous qu'il ne soit pas mort !"

Rakeyia Scott continue à filmer, son mari étant étendu à plat ventre sur la chaussée, entouré par quatre policiers. "Voici les policiers qui ont tiré sur mon mari et il y a intérêt à ce qu'il vive, car il ne leur avait rien fait", dit-elle enfin.

La vidéo ne montre aucune arme visible près du corps de Keith Scott. NBC a toutefois indiqué avoir reçu une photo d'un témoin semblant montrer une arme près des pieds de la victime.

Débat national

Plus largement, ce décès brutal a relancé un débat national sur les abus des forces de l'ordre à l'encontre des Afro-Américains.

Keith Scott a perdu la vie quatre jours après qu'un Noir non armé a été abattu par une policière blanche à Tulsa, dans l'Oklahoma (sud), sous l'oeil des caméras de police. Mais là bas, au contraire de Charlotte, les autorités de Tulsa ont rapidement rendu publiques les vidéos du drame, et la policière auteure du tir mortel a été inculpée jeudi d'homicide involontaire. Elle a été libérée vendredi contre une caution de 50 000 dollars.

Barack Obama, premier président noir de l'histoire des États-Unis, s'est exprimé brièvement vendredi sur ces événements, alors qu'il s'apprête à inaugurer samedi à Washington un musée dédié à l'histoire afro-américaine : l'ouverture de cet établissement va permettre aux Américains de "replacer certains événements dans un contexte historique", a-t-il espéré.

"Les gens qui voient ce qui se passe à Charlotte et qui visiteront ce musée comprendront mieux les revendications des Noirs, ce qui leur permettra de prendre su recul et de dire : 'jJe comprends, je compatis'".

De son côté, Hillary Clinton qui réclame également la publication de la vidéo de la police "sans délai", a repoussé vendredi soir une visite prévue dimanche dans la ville. Son équipe de campagne qui avait annoncé cette visite quelques heures plus tôt, a expliqué que la candidate démocrate à la Maison Blanche avait finalement pris cette décision "après plus ample discussion avec les responsables de la communauté [...] pour ne pas impacter les ressources de la ville".

La maire de la ville Jennifer Roberts avait demandé un peu plus tôt aux deux candidats à la présidence de repousser une éventuelle visite, en évoquant les "ressources très tendues pour la sécurité".

Avec AFP et Reuters