
Une étudiante toulousaine d'origine kurde, engagée dans les rangs des forces kurdes YPG, a été arrêtée à Istanbul par les autorités turques, a-t-on appris jeudi. La Turquie la soupçonne d'avoir voulu commettre un attentat sur son sol.
Dans un reportage diffusé par France 2 en janvier 2015, elle apparaissait à l’écran, le visage poupon, treillis militaire et arme à la main. Ebru Firat, 25 ans, étudiante toulousaine en médecine, a tout plaqué il y deux ans pour aller combattre l’organisation État islamique, aux côtés des forces kurdes, dans un village repris aux jihadistes près de Raqqa, en Syrie.
La police turque a arrêté la jeune femme à l'aéroport Ataturk d'Istanbul après un vol en provenance de Diyarbakir, a-t-on appris jeudi 15 septembre par l'agence pro-gouvernementale Anadolu.
Selon cette agence de presse, la police avait reçu des informations affirmant qu’Ebru Firat s'apprêtait à commettre un attentat-suicide dans la capitale économique de la Turquie. La police antiterroriste turque poursuivait son interrogatoire jeudi dans ses locaux.
Une Française chez les YPG
D’après Anadolu, la Française d’origine kurde serait membre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation "terroriste" par Ankara.
Des photos d'Ebru Firat, connue sous le nom d'"Amara" dans les rangs de la rébellion kurde, avaient été publiées dans le passé la montrant effectivement au côté de Murat Karayilan, l'un des chefs du PKK basé dans le nord de l'Irak. Dans le reportage de France 2, on la voyait combattre aux côtés des YPG – le bras armé syrien du PYD, une branche syrienne du PKK.
Une avocate française pour défendre Ebru Firat
D’après Wassim Nasr, journaliste de France 24 et spécialiste des mouvements jihadistes, l’avocat turque chargé de défendre la jeune femme s’est désisté par peur des autorités. Son avocate française a expliqué à France 24 qu’elle tentait maintenant de rejoindre sa cliente en Turquie pour assurer sa défense. Le cas de cette jeune binationale est particulièrement compliqué car la Turquie peut légalement la juger en tant que citoyenne turque.
Par ailleurs, le PKK étant considéré comme une organisation terroriste, "même si sa volonté de commettre un attentat n’est pas prouvée, elle risque fort d’être jugée comme terroriste par les autorités turques", ajoute Wassim Nasr, qui souligne le danger représenté par l’attrait pour un mouvement classé terroriste par l’État turc mais aussi l'Union européenne et les États-Unis.
Dans le reportage de France 2, la jeune Toulousaine expliquait avoir intégré les rangs des rebelles kurdes pour agir, parce qu’elle avait appris que des amis d’enfance de son quartier étaient devenus des jihadistes de l’EI.
Depuis la rupture d'un cessez-le-feu entre la rébellion kurde et le gouvernement turc il y a un an, les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK) - groupe radical proche du PKK - ont revendiqué deux attaques à la voiture piégée à Ankara et un à Istanbul, ayant causé des dizaines de morts.
Avec AFP