Les escrimeurs Yannick Borel, Daniel Jérent, Gauthier Grumier, et Jean-Michel Lucenay ont décroché le titre de champions olympiques à l'épée par équipes dimanche à Rio. Un résultat qui récompense un quatuor en or.
Ils l’ont fait ! Les épéistes français se sont couverts d’or, dimanche 14 août à Rio, en décrochant le titre olympique par équipes, comme en 2004 et en 2008, après avoir surclassé leurs éternels rivaux italiens en finale (45-31).
Composé du numéro un mondial Gauthier Grumier, du doyen Jean-Michel Lucenay, du colosse Yannick Borel et du bizut Daniel Jerent, qui disputait ses premiers JO, ce quatuor avait auparavant dominé les Vénézuéliens en quarts, et la redoutable équipe hongroise, lors d’une demi-finale serrée.
Ne pas laisser passer sa chance
Déterminés, ultra-précis et intraitables, ils ont résisté à une forte pression à l’entame de la finale de la dernière épreuve de la compétition, puisqu’ils avaient la lourde tâche de sauver l’honneur de l’escrime tricolore, revenue bredouille des JO de Londres en 2012. Un zéro pointé qui avait fait grand bruit dans la discipline la plus couronnée de succès dans l’histoire de l’olympisme français. Au total, ce sont 118 médailles glanées à ce jour, les plus récentes étant, outre l’or des épéistes dimanche, l’argent des fleurettistes et le bronze en épée individuel.
Encadré par son maître d’armes et glorieux aîné, Hugues Obry, qui a pris les destinées des épéistes en main après le fiasco londonien, le quatuor formé par Grumier, Borel, Jerent et Lucenay n’a pas laissé passer la chance, qui lui était offerte de monter sur la plus haute marche du podium.
Un quatuor paré d’or
"On est super heureux parce que ça vient couronner quatre ans de travail, quatre ans où on a souffert, on a transpiré dans la salle à l'Insep, on s'est accroché, on n'y croyait pas beaucoup forcément au début. Hugues a su nous transmettre ça, l'envie d'y aller, l'envie de gagner ce truc-là. Et on a réussi à le faire, c'est juste énorme. Merci à Hugues", a déclaré Gauthier Grumier peu après la victoire au micro de France télévisions.
Le bonheur est immense pour cet épéiste, déjà médaillé de bronze en individuel mardi, aussi expérimenté que technique. Décrit comme le pilier du groupe par son maître d’armes, Gauthier Grumier, "celui qui tient l'équipe à bout de bras", n’a pourtant pas participé à la finale. Malgré l’enjeu, et alors qu’il avait annoncé sa volonté de mettre un terme à sa carrière à l’issue de ces JO, Gauthier Grumier avait reconnu, après les demies, qu’il était un ton en-dessous dimanche, et accepté sans broncher d’être remplacé face aux Italiens.
Un remplacement qui a fait le bonheur du gaucher Jean-Michel Lucenay. À 38 ans, le Martiniquais a pu enfin goûter aux joies d’un sacre olympique. En 2008, à Pékin, il était resté aux pieds du podium, alors que ses coéquipiers se voyaient remettre leurs médailles d’or. Une scène cruelle imposée par un règlement qui interdit la remise de médaille à un escrimeur s’il n’a pas tiré pendant la compétition.
Un souvenir qui a visiblement marqué le plus jeune et le plus fougueux de la bande, Daniel Jérent. "Si on m'avait dit qu'après tout ce temps, j'aurais une médaille avec Jean-Michel Lucenay, pour lequel j'avais eu de la peine [en 2008, NDLR] ! Je suis super heureux !"
Considéré par son entraîneur comme faisant partie des dix meilleurs mondiaux lorsqu’il est en forme, le Guadeloupéen Daniel Jérent compte désormais dans son palmarès les trois titres majeurs par équipes - JO (2016), championnats du monde (2014), et championnats d'Europe (2015, 2016). Il ne lui reste plus qu’à remporter un titre individuel pour rentrer définitivement dans la cour des grands.
Une cour que l’autre Guadeloupéen de l’équipe tricolore fréquente déjà. Yannick Borel, champion d’Europe 2016 en individuel, a crevé l’écran dimanche. Doté d’une puissance physique hors norme avec son 1,96 m et ses 102 kilos, le "bulldozer" de Pointe-à-Pitre a écœuré ses adversaires.
Lui qui a coutume de dire que c’est le mental qui permet de battre l’adversaire, a démontré qu’il avait des nerfs d’acier tout au long de l’épreuve. Cette médaille d’or lui permettra d’atténuer sa déception d’avoir été éliminé en quarts en individuel, quelques jours plus tôt.