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L’auteur de la fusillade de Munich était "un déséquilibré sans motif politique"

Les autorités policières allemandes assurent que l’enquête n’a pas permis d’établir de lien entre l’auteur de la fusillade de Munich, qui a fait neuf morts et 35 blessés, et l’organisation État islamique.

L'auteur de la fusillade, qui a semé la panique à Munich, faisant 9 morts et 35 blessés, vendredi, est un jeune forcené souffrant de problèmes psychiatriques, sans rapport avec le jihadisme.

Les perquisitions réalisées aux domiciles du tueur et de ses parents "n’ont pas permis d’établir de lien avec l’organisation État islamique", a déclaré le chef de la police Hubertus Andrae, lors d’une conférence de presse, samedi 23 juillet. Il s’agit d’un "déséquilibré sans motif politique", a estimé Thomas Steinkraus-Koch, le porte-parole du parquet de Munich.

"Il a préparé son geste depuis un an"

Un possible lien pourrait toutefois être établi par la police avec le tueur norvégien, Anders Behring Breivik, qui avait abattu 77 personnes, des jeunes surtout, en 2011. Des documents sur ce massacre ont été retrouvés dans sa chambre. Un livre a retenu l'attention des enquêteurs : il est intitulé "La folie meurtrière en tête, pourquoi des écoliers en viennent à tuer".

La police estime notamment que le tireur a été influencé par la tuerie de Winnenden (sud-ouest) en mars 2009, où un jeune homme de 17 ans avait ouvert le feu dans son ancien collège, tuant 15 personnes, avant de se suicider. "Les premières observations aboutissent à la conclusion qu'il s'est intéressé à cet acte" en allant visité la ville et y prendre des photos il y a un an "et qu'il a planifié ensuite son propre acte" de tuerie, a précisé le chef de la police.

ll "a préparé son geste depuis un an, c'est-à-dire qu'il Il a planifié son geste depuis l'été dernier", a par ailleurs déclaré, dimanche 24 juillet, Robert Heimberger, le chef de la police bavaroise, lors d'une conférence de presse.

L’auteur de la fusillade de Munich était "un déséquilibré sans motif politique"

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Identifié comme David Ali Sonboly, le jeune Germano-Iranien de 18 ans est né à Munich, de parents venus en Allemagne à la fin des années 1990 comme demandeurs d'asile et fréquentait une école de la ville. Vendredi, en début de soirée, il a ouvert le feu sur un groupe de personnes dans un centre commercial et à proximité. Blessé par la police, il s'est ensuite donné la mort. Dans son sac à dos, les enquêteurs ont retrouvé environ 300 munitions, suggérant qu'il avait à l'origine l'intention de faire bien plus de victimes.

Il a également été établi par la police que David Ali Sonboly s'est procuré son arme, un pistolet Glock de calibre 9 mm dont le numéro de série était limé, sur le "dark net", une partie d'Internet accessible seulement avec des logiciels particuliers, a déclaré Robert Heimberger.

Un piège tendu à ses victimes sur Facebook

Selon le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, l'auteur a probablement tendu un piège aux victimes après avoir "piraté" le compte Facebook d'une jeune fille : les victimes se sont vu promettre des bons de réduction dans un fast-food du centre commercial. "Une manière particulièrement sournoise de procéder", a commenté le ministre.

La plupart des victimes sont très jeunes, adolescents et jeunes adultes. Parmi elles figurent trois Kosovars, trois Turcs et un Grec.

Le jeune homme résidait avec ses parents dans un logement social avec de nombreux étrangers ou Allemands d'origine étrangère. Des voisins l'ont décrit comme plutôt solitaire et amateur de jeux vidéo violents, un élément qui, selon le ministre de l'Intérieur, a "joué un rôle" dans cette affaire.

"Tout dans son langage corporel était synonyme de 'je ne veux pas vous parler'", a témoigné Stephan, le serveur d'un café installé au rez-de-chaussée de l'immeuble.

Le tireur a pu être martyrisé par des "adolescents de son âge"

La police a par ailleurs indiqué qu'elle examinait une vidéo dans laquelle apparaît le tireur, où l'on entend des échanges d'insultes racistes avec un autre homme. "Nous essayons de déterminer qui a dit quoi", a déclaré un porte-parole de la police.

Sur cette courte vidéo amateur, largement diffusée sur les réseaux sociaux, et authentifiée par la police, on voit un riverain agonir d'injures l'auteur de la tuerie, vêtu de noir. "Sale métèque", lui lance ce riverain. La voix de l'assaillant lui répond : "Je suis allemand, je suis né ici".

Selon le chef de la police de Munich, il avait bénéficié d'un suivi psychologique.

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S'exprimant pour la première fois en public depuis les événements, la chancelière Angela Merkel a déclaré samedi qu'elle "était en deuil, le cœur lourd" et ajouté que les forces de l'ordre feraient tout leur possible pour assurer la sécurité des lieux publics.

Lors d'un appel téléphonique, François Hollande lui "a renouvelé le soutien et la solidarité de la France à l'égard de l'Allemagne", a fait savoir l'Élysée samedi.

Samedi matin, Munich revenait peu à peu à la normale après une suspension des transports en commun et une fermeture des grands axes routiers.

L'Allemagne reste toutefois sous le choc. Cette tuerie est intervenue quatre jours seulement après une attaque à la hache dans un train régional, également en Bavière, commise par un jeune demandeur d'asile de 17 ans qui a revendiqué son geste au nom de l'EI.

Elle intervient plus généralement dans un contexte de forte crainte en Europe, alimenté par les risques d'attentats. Il s'agit de la troisième attaque contre des civils en moins de dix jours, celle de Nice (sud de la France) le 14 juillet ayant fait à elle seule 84 morts.

Avec AFP et Reuters