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Hong Kong : le leader de la "révolte des parapluies" jugé coupable

Trois figures de proue de la "révolte des parapluies", dont le leader étudiant Joshua Wong, ont été reconnus coupables jeudi à Hong Kong de participation à une manifestation illégale. Leur sentence devrait être connue le 15 août.

Le leader étudiant Joshua Wong, visage de la "révolte des parapluies" de Hong Kong, a été reconnu coupable, jeudi 21 juillet, pour son rôle dans une manifestation qui avait déclenché cette immense mobilisation prodémocratie. Les défenseurs des droits parlent de persécution politique.

Le tribunal de l'ancienne colonie britannique revenue en 1997 dans le giron de la Chine a rendu son jugement au moment où de plus en plus d'habitants ont l'impression que Pékin y durcit sa mainmise.

Joshua Wong, aujourd'hui âgé de 19 ans, encourt jusqu'à deux ans de prison. Il a été reconnu coupable d'avoir participé le 26 septembre 2014 à un rassemblement illégal pour avoir escaladé, avec d'autres étudiants, des barrières métalliques et être entré à Civic Square, une place située dans un complexe gouvernemental.

Cette action avait déclenché des manifestations plus importantes : deux jours plus tard débutait le mouvement prodémocratie de masse, quand la police avait tiré du gaz lacrymogène dans la foule qui s'était protégée à l'aide de parapluies.

Alex Chow et Nathan Law, autres figures de proue du mouvement, ont également été reconnus coupables, le premier pour avoir participé à la manifestation en question, le second pour avoir incité ses camarades à le faire.

Tous trois ont été libérés sous caution. Ils comparaîtront à nouveau le 15 août pour connaître leur sentence.

"Nous allons continuer le combat contre la répression du gouvernement"

"Quelle que soit la peine, nous allons continuer le combat contre la répression du gouvernement", a réagi Joshua Wong. "Nous savons que faire face au plus grand régime communiste du monde est une bataille à long terme pour la démocratie".

Avec le "mouvement des parapluies", Hong Kong connaissait sa plus grave crise politique depuis la rétrocession. Des dizaines de milliers de manifestants avaient paralysé des quartiers entiers pendant plus de deux mois afin de réclamer un véritable suffrage universel pour la désignation du chef de l'exécutif en 2017.

Malgré l'écho international suscité par ce mouvement, la Chine ne leur a pas cédé un pouce de terrain.

Joshua Wong, plusieurs fois inculpé pour des chefs divers liés au mouvement prodémocratie, a fréquenté assidûment les tribunaux ces derniers mois. En juin, il avait été relaxé pour des faits en rapport avec une manifestation anti-Pékin.

"Un message qui fait froid dans le dos pour la liberté d'expression"

Le leader étudiant a toujours soutenu qu'il était victime de persécution politique. Amnesty International est allée dans son sens en estimant que les "vagues charges" portées contre les leaders étudiants "sentent la vengeance politique".

"Les poursuites lancées par les autorités hongkongaise contre trois étudiants prodémocratie envoient un message qui fait froid dans le dos pour la liberté d'expression et de manifester pacifiquement", a déclaré Amnesty dans un communiqué.

Avec l'échec de la mobilisation, la colère et la frustration ont gagné du terrain parmi les jeunes militants. Depuis, Wong et Law ont créé un nouveau parti, appelé Demosisto, qui réclame l'autodétermination de la région semi-autonome. D'autres militants vont jusqu'à exiger l'indépendance.

D'après les termes de l'accord sino-britannique sur la rétrocession, Hong Kong jouit de libertés inconnues ailleurs en Chine continentale, en vertu du principe "Un pays, deux systèmes", en théorie jusqu'en 2047.

Beaucoup ont le sentiment que ces libertés sont en train de s'éroder. Les tensions se sont encore intensifiées ces derniers temps après les révélations explosives d'un libraire hongkongais sur sa détention pendant des mois en Chine, sans accès à sa famille ou à un avocat.

Lam Wing-kee s'était volatilisé fin 2015 avec quatre autres employés d'une maison d'édition hongkongaise spécialisée dans les titres salaces et les intrigues politiques au sommet du pouvoir en Chine.

Avec AFP