
Des tirs entre soldats gouvernementaux et ex-rebelles ont à nouveau retenti dimanche dans les rues de Juba, capitale du Soudan du Sud, près de la maison de l'ONU. Aucun bilan n'est actuellement disponible.
Nouvelle journée émaillée de violences à Juba. Des tirs ont retenti dimanche 10 juillet dans la capitale sud-soudanaise, où des soldats gouvernementaux et d'anciens rebelles s'affrontaient de nouveau à la périphérie de la ville, a déclaré la mission locale de l'ONU. "Coups de feu, échanges de tirs nourris de nouveau près de la Maison de l'ONU. Continuent depuis environ 8h25", a rapporté la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) sur son compte Twitter.
"L’atmosphère est tendue, les routes sont bloquées, des milliers de civils ont fui les combats", rapporte de Juba Patricia Huon, correspondante pour France 24 . Aucun bilan de ces affrontements n'est disponible dans l'immédiat.
Des milliers d'habitants de Juba fuyaient dimanche ces combats qui ont fait au moins 270 morts depuis deux jours selon des médias locaux, à la veille du cinquième anniversaire de l'indépendance du Soudan du Sud, dernier né des États de la planète.
Le Soudan du sud est déchiré depuis 2013 par un conflit qui oppose les partisans du président Salva Kiir à ceux de l'ex-chef rebelle et actuel vice-président Riek Machar. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont déjà trouvé la mort dans ces violences et près de trois millions ont été déplacées.
Dimanche, l'ONU a fait état de tirs de mortiers, de lance-grenades et d'"armes d'assaut lourdes" à Juba. La présence d'hélicoptères de combat et de chars a également été signalée. Ces informations ont conduit des milliers d'habitants de la capitale à se terrer chez eux ou à fuir leurs maisons, selon des témoins.
Les affrontements ont débuté jeudi à Juba par un accrochage, qui a fait cinq morts, entre des soldats loyaux au président Salva Kiir et des gardes du corps de l'ex-chef rebelle et actuel vice-président Riek Machar. Cet accrochage a été suivi de nouveaux combats vendredi où plus de 150 personnes - en majorité des soldats des deux parties - ont été tuées, selon les ex-rebelles
"Nous espérons qu'il n'y aura pas d'escalade"
Dimanche, des combats intenses ont repris dans la partie ouest de Juba, où les troupes des deux parties disposent de bases au pied des montagnes de Jebel Kujur, et près d'un camp de l'ONU. Ils se sont ensuite étendus à d'autres zones de la capitale au fil de la journée, notamment dans le quartier de Gudele - réputé pour être une poudrière et où Riek Machar a installé son quartier général - et le quartier central de Tongping, près de l'aéroport international.
Un porte-parole de Riek Machar, James Gatdet Dak, a rejeté la responsabilité de ces nouveaux combats sur les soldats gouvernementaux : "Nos forces ont été attaquées sur la base de Jebel", a-t-il déclaré, affirmant que l'assaut avait été repoussé. "Nous espérons qu'il n'y aura pas d'escalade", poursuivait-il.
S'exprimant dimanche après-midi, le ministre sud-soudanais de l'Information, Michael Makuei, a, lui, accusé les ex-rebelles d'être responsables de ces affrontements. Il a également affirmé que le gouvernement "contrôlait totalement Juba", alors même que des échanges de tirs étaient toujours entendus dans la ville. Selon lui, Salva Kiir pourrait appeler à un cessez-le-feu plus tard dans la journée.

Dans le cadre de l'accord de paix de l'an dernier, Machar est revenu, avec un fort contingent d'hommes armés, en avril à Juba où il a été réinstallé vice-président et a formé avec Kiir un gouvernement d'union nationale. Mais sur le terrain, les hostilités se poursuivent dans plusieurs régions.
Les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont entamé dimanche des consultations à huis clos à la suite des violents combats à Juba, capitale du Soudan du Sud.
Pour l'ambassadeur français François Delattre, "le maitre mot est la pression" sur les protagonistes du conflit. Il faut, a-t-il souligné, "que les parties prennent leurs responsabilités" et que le président Salva Kir et le vice-président Riek Machar contrôlent leurs forces et fassent preuve de "volonté politique" de faire la paix.
Avec AFP