Les États-Unis ont ouvert mercredi une enquête fédérale après la mort d'un vendeur ambulant noir tué par des policiers en Louisiane. Un homicide qui réveille le spectre du racisme et des brutalités de la police américaine.
Confrontées à des réactions indignées émanant des quatre coins des États-Unis, les autorités américaines ont lancé, mercredi 6 juillet, une enquête fédérale sur l'homicide par balles en Louisiane d'un vendeur ambulant noir.
"Le principal organe chargé de l'enquête sera la division des droits civiques du ministère de la Justice, assistée du bureau du procureur de la Louisiane et du FBI", a annoncé aux médias John Bel Edwards, le gouverneur de cet État méridional. Se disant "profondément préoccupé", il a également appelé au calme étant donné que plusieurs métropoles américaines, comme Baltimore ou Ferguson, ont déjà été le théâtre d'émeutes après de tels drames.
À 37 ans, Alton Sterling, qui vendait des CD sur le parking d'un centre commercial, a perdu la vie après avoir résisté à son interpellation. "À l'arrivée des policiers, Sterling était armé et l'altercation qui a suivi s'est conclue par la perte de sa vie", a déclaré Carl Dabadie, le chef de la police locale. Les deux agents impliqués dans sa mort font l'objet d'une suspension administrative, conformément à "la procédure en vigueur", a précisé la police de Baton Rouge.
La mort de l'homme a immédiatement réveillé le spectre du racisme dans la police américaine, régulièrement accusée de brutalités contre les Afro-Américains. Mercredi soir, des dizaines de personnes se sont rassemblées à Baton Rouge pour allumer des bougies sur les lieux de la mort d'Alton Sterling. Ce père de cinq enfants y était connu sous le surnom de "CD man".
Attention, les images sont choquantes
Réponse "inhabituellement rapide"
Lors d'une conférence de presse, un des enfants d'Alton Sterling, Cameron, 15 ans, a éclaté en sanglots tandis que sa mère, Quinyetta McMillon parlait au micro.
"Nous poursuivrons jusqu'à ce que justice soit faite", a-t-elle lancé. "J'appelle quiconque avec assez de courage dans cette ville à aller arrêter ces deux agents. Si le système est le même pour tous, il doit l'être aussi pour eux".
La candidate démocrate à la Maison Blanche, Hillary Clinton, a regretté une "tragédie", dans un communiqué. "Il y a un vrai problème lorsque tant d'Américains ont des raisons de croire que notre pays ne considère pas qu'ils ont autant de valeur que d'autres à cause de la couleur de leur peau", a-t-elle ajouté.
L'affaire a pris une ampleur nationale en raison d'une vidéo amateur où l'on voit les deux policiers blancs tenter d'interpeller Alton Sterling.
Mais à la différence de nombreuses affaires semblables qui ont embrasé le pays ces dernières années, l'enquête fédérale "marque une réponse inhabituellement rapide du ministère américain de la Justice", a fait remarquer Phil Stinson, un expert en droit pénal.
"Normalement, une enquête locale se déroule d'abord. [Mais] désormais, tout le monde s'intéresse à ces tirs [policiers]. Il y a encore cinq ans, cela n'attirait l'attention de personne", a-t-il souligné.
Sur la vidéo, qui ne montre pas toute la séquence des faits, le vendeur à la sauvette semble refuser d'obtempérer aux agents, qui lui ordonnent de se mettre au sol. L'un des policiers le plaque alors, son collègue l'aidant à tenter de le maîtriser par terre. Des coups de feu rententissent avant de conclure à la mort d'Alton Sterling.
Avec AFP