En juin, les images montrant cette journaliste mexicaine portée par des habitants lors d'un reportage sur des inondations sont devenues virales. La faute a été jugée grave par son employeur, la chaîne Azteca Puebla, qui l'a licenciée.
Le ridicule ne tue pas, c’est bien connu, mais ça, c'était avant l'arrivée diabolique des mèmes. En 2016, les détournements en images du Web produisent parfois des conséquences désastreuses et la mésaventure de cette journaliste mexicaine est là pour nous le rappeler.
Lydia Cumming a 24 ans et travaille pour la chaîne de télévision mexicaine Azteca Puebla. Le 24 juin, elle est envoyée en reportage pour rendre compte des inondations dans la ville de Puebla, au centre du Mexique. Sans doute pour ne pas mouiller ses chaussures, la jeune femme se fait apporter par deux habitants dans les rues inondées. Oui, sur une photo postée sur les réseaux sociaux par son ami photographe, on la voit perchée entre les épaules de deux riverains, les pieds bien au sec, son micro dans une main, son téléphone rose dans l’autre.
#LadyReportera, la princesse journaliste
La scène n’a pas tardé à faire réagir sur les réseaux sociaux où les internautes, friands de ce genre d'image, ont rivalisé de talent pour nous offrir les plus beaux mèmes. Un hashtag #LadyReportera les rassemble et moque l’attitude de la journaliste, qui se la joue princesse.
How a Mexican reporter covering a flood in Puebla became a hilarious meme https://t.co/pXuwtVmLSU #LadyReportera pic.twitter.com/HSOZ7G1mLP
— Laura Martínez ® (@miblogestublog) 30 juin 2016
#LadyReportera Guardiass!!!! pic.twitter.com/zyiN5FFnzm
— Leo Frenkel W (@LeoFrenkelW) 29 juin 2016
* Small step for man, giant leap for #LadyReportera * pic.twitter.com/CtZLi7WPGO
— Papá Olvidado (@PapaOlvidado) 29 juin 2016
Mis top 3 memes de #LadyReportera. pic.twitter.com/jJvhnbAxx0
— Mildred (@Milgoeshunting) 29 juin 2016
Lydia Cunning se justifie dans un entretien au site Verne du journal espagnol El País. Elle explique que ce sont les deux habitants qui lui ont proposé de la porter pour l’emmener voir une femme âgée en fauteuil roulant dont la maison avait été sérieusement endommagée. "J’ai essayé de maintenir une bonne entente avec les gens et j’avais peur d’avoir l’air impolie en refusant leur proposition. Ils m’ont portée deux secondes et je leur ai tout de suite demandé de me lâcher."
"TV Azteca ne pénalise pas la diffusion des images mais l’irrespect démontré envers les habitants"
Un licenciement pour faute
Trop tard, les images ont circulé bien vite et l’entreprise s’est trouvée obligée de réagir. La chaîne Azteca Puebla a ainsi publié un communiqué sur son compte Twitter pour annoncer le licenciement de Lydia Cumming. Motif invoqué : le non-respect des habitants, qui va à l’encontre des valeurs de l’entreprise.
"Le manque de respect n’a pas sa place dans notre entreprise", explique la chaîne. Et d’ajouter : "TV Azteca ne pénalise pas la diffusion des images mais l’irrespect démontrée envers les habitants qui faisaient partie du reportage de la journaliste".
Comunicado a la opinión pública. pic.twitter.com/tjIoisREnx
— AZTECA PUEBLA (@AztecaPuebla) 29 juin 2016
Il s'agit d'un licenciement pour faute dans l'exercice de ses fonctions, explique à Mashable FR l'avocat en droit du travail Damien Lempereur : "L'employeur a considéré que la salariée n’était pas profesionnelle et que quelque part elle avait humilié ces habitants en accordant plus d’importance à ses chaussures qu’à son métier de journaliste."
Lydia Cumming reconnaît de bonne foi sa part de responsabilité : "Les photos révèlent un manque de professionnalisme et de tact", assure-t-elle dans une vidéo.
Quant à savoir si en France la même chose est possible : probablement – la faute étant considérée comme une cause réelle de licenciement – mais dans des mesures moindres, à en croire Damien Lempereur : "Un journaliste en France dans une telle situation peut se retrouver sanctionné, pas forcément avec un licenciement car tout est question d’appréciation, mais par un avertissement ou un simple rappel à la charte de déontologie journalistique."
Chers confrères, à la prochaine crue, n'ayez pas peur de vous mouiller.
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