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Vidéos : les grands combats politiques de Michel Rocard

Michel Rocard était l'un des grands piliers de la gauche française. Après une immense carrière politique, il s'est éteint samedi 2 juillet. Retour sur les combats politiques de celui qui a marqué de son empreinte le Parti socialiste.

L'ancien Premier ministre, Michel Rocard, s'est éteint samedi 2 juillet à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpétrière. Homme de gauche et de conviction, il disait que sa conscience politique s'était forgée à 15 ans, en 1945, lorsqu'il participa à l'accueil de déportés de retour des camps, à Paris. "En apprenant que Hitler avait été élu au suffrage universel, j'ai compris que la politique est méchamment importante", dira-t-il plus tard. Cette prise de conscience marque le début d'une longue carrière. Retour non-exhaustif sur ses combats politiques.

• L'engagement en faveur du Brexit

L'ancien Premier ministre socialiste, aussi étonnant cela puisse paraître pour un militant pro-Européen, s'était récemment prononcé pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. En mars 2016, sur l'antenne de France 24, l'ex-Parlementaire européen s'était montré particulièrement virulent à l'égard de nos voisins d'outre-Manche. "Ils nous haïssent", avait-il déclaré. "La présence de la Grande-Bretagne depuis 1972 dans l'Union européenne nous interdit d'avancer. Elle ne conçoit pas l'Europe comme une entité politique..."

Sur d'autres médias, il avait également précisé ses doutes quant à la capacité de François Hollande et d'Angela Merkel à relancer l'Europe sans le Royaume-Uni. "Ce n'est pas une question de personne", avait-il commenté laconiquement dans un entretien au Point. "Mais je fais confiance au peuple. Le vide que laissera éventuellement le Brexit va générer des mouvements sociaux. Si bien que la pression des peuples européens peut conduire l'Europe à se reconstituer et à construire enfin, par exemple, une relation avec la Chine".

Michel Rocard : "Les Britanniques nous haïssent"

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• Le durcissement du discours sur l'immigration

C’est sans doute l’une des phrases la plus prononcée aujourd’hui par les partis politiques, toutes tendances confondues. "La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde". La paternité de cette expression revient à Michel Rocard qui la prononce en 1989 sur le plateau de Sept sur Sept. À cette époque, le Front national effectue une percée dans le paysage politique français. Les partis, et le PS inclus, durcissent alors leur discours sur l'immigration.

Une semaine plus tard, le 10 décembre 1989, le président François Mitterrand invité à Europe 1 et Antenne 2, appuie les propos de son Premier ministre. Dans la même idée de durcissement, il déclarera que le "seuil de tolérance" des Français à l’égard des étrangers "a été atteint dans les années 70".

"Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde"

• L’inventeur du RMI et de la CSG

En 1988, Michel Rocard met en place un outil qui marque l'histoire de la gauche : le RMI (Revenu minimum d'insertion), financé par l'ISF (l'Impôt sur la fortune). Le texte, proposé par le gouvernement socialiste, est débattu durant les mois d'octobre et novembre 1988 avant d'être voté à une très courte majorité.

Une victoire dont l'ex-Premier ministre n'est pas peu fier. "Le RMI a sauvé deux millions de personnes", avait-il jugé. En 1988, plus de 20 % des chômeurs ne bénéficiaient plus de droit à l'indemnisation. Le RMI est remplacé le 1er juillet 2009 par le Revenu de solidarité active (RSA).

Un an plus tard, Rocard lance aussi la CSG (Contribution sociale généralisée) pour financer la protection sociale. Cet impôt est voté à l'automne 1990 dans le cadre de la loi de finances. Prélevé à la source, il concerne tous les revenus, qu'ils viennent du travail ou du patrimoine.

"Avoir droit à une deuxième chance"


• La pacification de la Nouvelle-Calédonie

Les hommages se sont multipliés dimanche 3 juillet en Nouvelle-Calédonie à l'annonce du décès de Michel Rocard. Et pour cause : l’ancien ministre a été l’artisan des accords de Matignon, signés en 1988, qui mirent fin à plusieurs années de violence entre non-indépendantistes et indépendantistes kanak sur la petite île du Pacifique.

"Les accords de Matignon sont un des plus beaux souvenirs de ma vie politique", avait d'ailleurs déclaré Michel Rocard dans une interview à Télérama en 2013.

Des trois signataires historiques des accords de Matignon, Michel Rocard était le dernier survivant, après les décès de Jean-Marie Tjibaou (leader indépendantiste kanak assassiné en 1989) et Jacques Lafleur (leader anti-indépendantiste décédé en 2010). L'image de la poignée de main historique entre les leaders des camps rivaux reste gravée dans la mémoire collective.

Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur s'assoient à la même table

Un hommage national, présidé par François Hollande, sera rendu à Michel Rocard jeudi midi à l'Hôtel des Invalides, à Paris.