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Loi travail : Valls reste ferme, les désaccords avec les syndicats persistent

Au lendemain de la 11e journée de mobilisation contre la loi travail, Manuel Valls et les syndicats CGT-FO, qui se sont rencontrés mercredi à Matignon, sont une nouvelle fois restés sur leurs désaccords malgré quelques concessions du gouvernement.

Les concessions du gouvernement n’auront pas suffi à déminer l’épineux dossier de la loi travail. Après quatre mois de mouvement social, l'exécutif a fait un geste en apportant des amendements à l'article 13 pour clarifier le rôle des branches professionnelles. Mais sans toucher à l'article 2, colonne vertébrale du texte, qui permet, par la négociation d'entreprise, de déroger aux dispositions sur le temps de travail.

"Nous ne reviendrons pas" sur la "prééminence" de l'accord d'entreprise, a déclaré le Premier ministre Manuel Valls mercredi 29 juin, fermant la porte aux syndicats contestataires reçus plus tôt aux côtés de la ministre du Travail, Myriam El Khomri.

Dans un entretien accordé au journal Les Échos, François Hollande a redit sa détermination à aller "jusqu'au bout" de cette réforme, n’hésitant pas à évoquer le recourt au "49-3 si nécessaire".

"Petites avancées"

La CGT a, elle, marqué son "profond désaccord" sur le projet de loi travail, dont les "petites avancées sont très loin du compte", a déclaré le leader du premier syndicat français, Philippe Martinez. "Il n'y a pas de sortie par le haut", a lancé de son côté Jean-Claude Mailly (FO), en déplorant "le blocage du Premier ministre". "Ce n'est pas la fin du mouvement", a-t-il assuré, alors qu'une nouvelle journée de protestation est programmée mardi prochain.

Cette tentative de sortie de crise est inspirée d'une proposition de la CFDT, principal soutien syndical à la loi travail. Son numéro un, Laurent Berger, s'est dit "satisfait", en sortant de Matignon, que "le cœur du texte ne soit pas touché", en référence au maintien de l'article 2. Le président de la CFTC Philippe Louis a lui aussi fait part de sa satisfaction.

Le 49-3, "pas un passage en force", selon El Khomeri

En lâchant du lest, quelques jours avant le retour du projet à l'Assemblée nationale le 5 juillet, le gouvernement espère s'épargner le recours à l'article 49-3, comme il avait dû s'y résoudre en première lecture. Mais Myriam El Khomri l'a gardé sous le coude en jugeant que le recours à cette arme constitutionnelle ne serait "pas un passage en force".

Dans la matinée, la ministre du travail était venue défendre ses propositions devant le groupe parlementaire socialiste, divisé au point de priver le gouvernement d'une majorité à l'Assemblée. Les députés frondeurs en veulent aussi davantage. Selon leur chef de file Christian Paul, "un compromis est à portée de main", mais à condition que le gouvernement dise "clairement qu'un accord d'entreprise ne peut porter atteinte au pouvoir d'achat des salariés". Or l'article 2 permet une baisse de la majoration des heures supplémentaires de 25 à 10 % en cas d'accord d'entreprise majoritaire.

Jeudi, ce sera au tour de François Hommeril (CFE-CGC) à 14 h 30, suivi de Pierre Gattaz (Medef) à 15 h 15, François Asselin (CGPME) à 16 h et Jean-Pierre Crouzet (UPA) à 16 h 45, d'être reçus par le chef du gouvernement et sa ministre du Travail.

Depuis mars, FO et la CGT réclament le retrait du projet. Mardi, une 11e journée de mobilisation a réuni partout en France 64 000 manifestants selon la police, 200 000 selon les organisateurs.

Avec AFP