La Commission européenne plaide pour une prolongation de 12 à 18 mois de l'autorisation du glyphosate, herbicide entrant dans la composition du Roundup. Ce nouveau délai permettrait une nouvelle étude scientifique sur son caractère cancérogène.
Sursis pour le désherbant glyphosate. La Commission européenne a annoncé, mercredi 1er juin, qu'elle proposait aux États membres une prolongation de 12 à 18 mois de l'actuelle homologation de cet herbicide, le plus répandu, le temps d’obtenir de nouvelles données scientifiques. L'autorisation actuelle de la substance expire à la fin du mois de juin.
La Commission va demander "de prolonger l'autorisation actuelle jusqu'à l'avis de l'Echa", l'Agence européenne des produits chimiques en charge de la classification des substances, qui doit publier une étude sur le glyphosate en 2017, a expliqué lors d'une conférence de presse à Bruxelles le commissaire chargé de la Santé et de la Sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis. Cette proposition sera faite aux États membres lors d'une réunion à Bruxelles le 6 juin.
"La balle est maintenant dans le camp des États membres", a déclaré Vytenis Andriukaitis.
Le compromis pourrait permettre aux États membres qui sont opposés au renouvellement de la licence d'exploitation de changer de position, selon des sources européennes. Sur Twitter, la ministre française de l'Environnement, Ségolène Royal, a aussitôt réagi, estimant que la France, qui affiche sa position anti-glyphosate, ne voterait pas cette proposition de Bruxelles.
Bien évidemment la France ne changera pas d'avis sur le glyphosate et ne votera pas la proposition de Bruxelles. #santé et environnement.
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) 1 juin 2016Même si l'autorisation du glyphosate était renouvelée au niveau de l'UE, la décision de commercialiser des produits finaux sur chaque territoire national, c'est-à-dire des pesticides contenant ce principe actif, relève en revanche de chaque État membre, a souligné le commissaire.
Le glyphosate cancérogène ?
Une controverse est née sur les effets du glyphosate sur la santé et son caractère cancérogène, sur la base de différentes études scientifiques, animant un débat qui dure depuis plusieurs semaines. Bruxelles s'appuie sur l'étude de l'Efsa, l'Agence européenne de sécurité des aliments, qui juge le risque cancérogène "improbable", ainsi que plusieurs études nationales.
Le glyphosate se retrouve dans les pesticides les plus courants, comme le Roundup de Monsanto, ou encore chez les concurrents Syngenta, BASF, Bayer, Dupont, ou Dow Agrosciences.
La Commission proposait jusqu'à présent de renouveler pour neuf ans l'autorisation du glyphosate. Une décision qui doit être votée le 6 juin au sein d'un comité technique phytosanitaire composé d'experts et de représentants des États membres. L'exécutif européen tablait sur l'obtention d'une majorité qualifiée mais deux réunions, en mars puis mi-mai, ont montré l'absence de consensus sur la question.
La Commission a par ailleurs précisé préparer une deuxième proposition visant à "minimiser" l'utilisation du glyphosate dans les jardins, parcs et aires de jeux publics ainsi que dans les champs dans la période qui précède la récolte. Ces limitations étaient réclamées non seulement par le Parlement européen mais aussi par Greenpeace UE.
C'est "la moindre des choses : des restrictions strictes pour limiter l'exposition de l'homme", a expliqué Franziska Achterberg, chargée des questions alimentaires dans l'ONG.
Bruxelles a également réitéré son intention d'interdire un coformulant, le POE-tallowamine, qui entre dans la composition de certains produits herbicides basés sur le glyphosate, et dont le caractère toxique a été soulevé. "Si les gouvernements ne sont pas certains que le glyphosate est sans danger, les Européens ne devraient pas y être exposés", a réagi Bert Wander, directeur de campagne d'Avaaz, un collectif qui a recueilli 1,4 million de signatures contre l'utilisation du glyphosate.
Le principal syndicat agricole européen, le Copa-Cogeca, a de son côté appelé à renouveler l'autorisation du glyphosate "en l'absence d'alternative existante".
#glyphosate 1/2 :difficile de prendre une décision au niveau Eu car il y a des incertitudes sci. La Fr s'est opposée à renvellement pr 9 an
— Stéphane Le Foll (@SLeFoll) 29 mai 2016#glyphosate 2/2 :il faut avoir tous les éléments pr décider car les csq d'1 interdiction seraient lourdes pour agriculteurs @1213Dimanche
— Stéphane Le Foll (@SLeFoll) 29 mai 2016Avec AFP et Reuters