Les président et Premier ministre turcs ont assuré que le principe de laïcité serait maintenu dans le projet de Constitution, contredisant le président du Parlement qui avait plaidé pour une "Constitution religieuse" lors d'une sortie controversée.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son fidèle Premier ministre Ahmet Davutoglu ont démenti toute volonté du camp islamo-conservateur, au pouvoir en Turquie, de retirer le principe de laïcité dans le projet de Constitution.
Leurs interventions respectives sont destinées à mettre un terme à une vive polémique provoquée par des propos tenus par le président du Parlement, Ismaïl Kahraman, qui a plaidé lundi 25 avril en faveur d'une "Constitution religieuse", déclarant au passage que la laïcité ne devrait "pas (y) figurer".
Cette sortie sur un sujet ultrasensible en Turquie, émanant d'un membre du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan, a provoqué plusieurs manifestations mardi à travers le pays, parfois violemment dispersées par la police. Les milieux laïcs et l'ensemble de l'opposition parlementaire ont également fait part de leur colère.
La laïcité, principe fondamental de l'État turc
"La réalité est que l'État devrait avoir une distance identique par rapport à toutes les croyances religieuses. (...) C'est cela la laïcité", a déclaré mardi Recep Tayyip Erdogan depuis Zagreb, lors d'une intervention retransmise à la télévision. Il a ajouté que le président du Parlement n'exprimait que sa propre opinion.
Mercredi, c'était au tour d'Ahmet Davutoglu de se montrer rassurant, en qualifiant la laïcité de principe fondamental de l'État turc. "Dans la nouvelle Constitution que nous préparons, le principe de laïcité figurera pour garantir la liberté de culte des citoyens et pour que l'État soit à égale distance de toutes les confessions", a-t-il déclaré lors d'un discours public à Ankara.
"Les principes fondamentaux de l'État ne sont pas un sujet de débat pour nous", a-t-il asséné, alors que l'AKP est fréquemment accusé par ses détracteurs de vouloir islamiser la société turque, sans pour autant l'admettre.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, le parti a libéralisé le port du voile islamique, autrefois strictement interdit dans la fonction publique et les universités, suscitant l'ire des partisans de la laïcité, qui l'accusent d'effriter les principes mis en place par le fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk.
Avec AFP et Reuters