
À New York, plus de 170 États se sont réunis vendredi à l’ONU pour la signature officielle de l'accord de Paris sur le climat conclu le 12 décembre. Pour nombre de militants écologistes, les États signataires peuvent faire plus.
Les représentants de 175 pays, dont une soixantaine de chefs d’État, se sont retrouvés vendredi 22 avril à New York. Un rassemblement très officiel pour signer l’accord international visant à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre, le plus grand accord international jamais signé à l’ONU, selon son secrétaire général Ban Ki-moon. Le secrétaire d'État américain John Kerry, le président français François Hollande, le Premier ministre canadien Justin Trudeau étaient là mais ni Barack Obama ni le président russe Vladimir Poutine ou le Premier ministre Indien Narendra Modi n’étaient présents bien que leurs pays comptent parmi les plus gros pollueurs de la planète.
À la tribune de l’Assemblée générale, François Hollande a appelé le monde, et tout particulièrement l'Union européenne, à traduire l'accord de Paris sur le climat en "actes" pour faire face à l'"urgence". Nos "déclarations" doivent devenir des "actes" car depuis la conclusion de cet accord, "l'urgence est toujours là". Et de poursuivre : "Il faut aller vite, encore plus vite."
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Le mois de mars le plus chaud
"Le fait que tant de pays signent l'accord est un événement historique, c’est une bonne chose", se réjouit Samantha Smith, directrice de l’Initiative globale énergie climat de WWF, contactée par France 24. Avant de modérer son enthousiasme : "Mais le mois de mars a connu les journées les plus chaudes jamais enregistrées et l’année 2016 risque d’être une année record en matière de chaleur, selon les prévisions des scientifiques."
La communauté scientifique a en effet déjà attiré l’attention sur le fait que les variations de températures ont d’ores et déjà un impact sur certaines communautés et écosystèmes vulnérables de la planète. Ce qui pourrait conduire à des mauvaises récoltes, des inondations côtières et des catastrophes naturelles à l'avenir.
Avant et durant la COP21 en décembre à Paris, les gouvernements ont tour à tour présenté leurs propres objectifs et contributions au niveau national - connus sous le nom de "INDC" ("Intended Nationally Determined Contributions", que l’on peut traduire par "contribution décidée à l'échelle nationale"), pour réduire les émissions de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique.
Après la signature de l’accord de Paris à l'ONU, chaque pays devra faire ratifier le contenu des engagements par son propre Parlement et mettre en œuvre les stratégies nécessaires pour atteindre ces objectifs.
Des accords plus ambitieux
"Nous avons besoin d’une volonté politique de ce genre, mais nous avons surtout besoin de voir chaque pays prendre des mesures beaucoup plus ambitieuses au niveau national", explique Samantha Smith.
Même son de cloche pour Sanjay Vashisht, directeur de l’association Réseau Action Climat Asie du Sud qui qualifie la signature de vendredi de "bonne nouvelle", mais espère que les pays iront au-delà des accords signés. Car les INDC initialement annoncés par les pays ayant participé à la COP21 ne permettront pas à long terme de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 degrés Celsius (3,6 degrés Fahrenheit), par rapport aux niveaux pré-industriels, le seuil fixé par l’Accord de Paris.
Un récent rapport établi par le groupe de recherche Climate Interactive basé à Washington estime que les températures augmenteront de 3,5 degrés Celsius malgré ces engagements. Une autre étude menée par Climate Action Tracker, un groupe européen, prévoit, elle, un réchauffement de 2,7 degrés Celsius.
Les technologies, la clé de l’avenir
Pour le militant Sanjay Vashisht, le temps presse : "Maintenant que le rideau est tombé sur la cérémonie, il est crucial de mettre rapidement en place des dispositions par pays pour que chacun d’eux puisse atteindre l’objectif initial et améliorer ses performances énergétiques. Cela suppose le transfert des technologies des énergies propres et le financement des pays riches vers les pays pauvres."
Lors de la conférence COP21 à Paris, les gouvernements occidentaux se sont engagés à verser des milliards pour aider les pays en développement afin qu’ils puissent faire face aux sécheresses dévastatrices, aux inondations et autres effets du réchauffement climatique, mais aussi développer leurs capacités de production d'énergie verte.
En trouvant des solutions pour partager les brevets, les pays en voie de développement pourraient avoir un meilleur accès aux énergies propres. "Des dispositions beaucoup plus utiles que de donner de l’argent", estime Sanjay Vashisht.
"Pour prendre l'exemple de l'Inde, le pays a promis d'augmenter considérablement le recours à l'énergie solaire et éolienne, mais ces dispositifs restent très coûteux à développer et nous sommes toujours en difficulté, dit-il. Si l'Inde est assurée d’avoir accès aux technologies des énergies propres, je pense que le pays pourra revoir ses ambitions à la hausse et relever ses objectifs de deux ou trois fois au cours des dix prochaines années."
Le traité entrera officiellement en vigueur une fois que 55 pays représentant au moins 55 % des émissions mondiales l’auront formellement ratifié. Les États-Unis et la Chine, qui représentent à eux deux près de 40 % des émissions mondiales, ont assuré qu'ils avaient l'intention d’adhérer au traité cette année.
Traduit de l'anglais par Aude Mazoué