
À quelques jours d'un vote crucial des députés sur son maintien au pouvoir, la présidente brésilienne, Dilma Rousseff, qui lutte pour sa survie politique, a accusé mardi soir son vice-président Michel Temer d'être un "chef conspirateur".
"Nous vivons des moments étranges de coup d'État, de farce et de trahison", a déclaré Dilma Rousseff mardi 12 avril, lors d'une cérémonie à Brasilia. Et selon la présidente du Brésil, la trahison vient de son premier cercle : elle a accusé son vice-président Michel Temer d'être le "chef de la conspiration" visant à la destituer.
À quelques jours d'un vote des députés sur son maintien au pouvoir, Dilma Rousseff a rebondi sur la maladresse de son vice-président qui avait fait fuiter la veille "accidentellement" l'enregistrement d'un discours à la nation anticipant sa succession à l'impopulaire dirigeante de gauche.
"Le masque des conspirateurs est tombé. Le Brésil et la démocratie ne méritent pas une telle farce. Ce geste révèle une trahison envers moi et la démocratie, preuve que ce chef conspirateur n'a pas d'engagement envers le peuple", a poursuivi la présidente. Accusée de maquillage des comptes publics par l'opposition de droite, elle assure n'avoir commis aucun "crime de responsabilité" susceptible de motiver sa destitution et se dit victime d'un "coup d'Etat" institutionnel.
Temer en "grande mission"
Michel Temer succèderait à Dilma Rousseff si elle était destituée jusqu'aux prochaines élections générales prévues en 2018, conformément à la Constitution. À 75 ans, cet homme d'appareil discret, avocat constitutionnaliste de formation, ne cache plus ses ambitions.
Il a notamment orchestré en mars le départ avec fracas de la coalition gouvernementale de son grand parti centriste PMDB, fragilisant un peu plus Dilma Rousseff, embourbée dans une crise politique historique envenimée par le gigantesque scandale de corruption Petrobras, en pleine récession économique.
Dans son discours présidentiel "au peuple brésilien" ayant fuité, Michel Temer estime que sa "grande mission" sera désormais "d'unifier le pays". Il prône une politique de redressement économique douloureuse, tout en promettant de ne pas toucher aux programmes sociaux mis en place par le gouvernement du Parti des travailleurs (PT) au pouvoir depuis 2003.
Une formation alliée fait défection
Ce discours a été rendu public alors qu'une commission parlementaire votait en faveur de la poursuite de la procédure d'impeachment contre la présidente devant le Sénat. La balle est maintenant dans le camp des députés qui vont se réunir en assemblée plénière à partir de vendredi pour statuer sur le sort de la présidente.
Mardi soir, le Parti progressiste, une des formations alliées de Dilma Rousseff, a claqué la porte de la coalition gouvernementale et a annoncé que la majorité de ses 47 députés voteraient en faveur de la destitution.
L'opposition de droite devra quant à elle réussir à mobiliser deux tiers des votes des députés (342 sur 513) pour que la procédure se poursuive au Sénat, faute de quoi elle serait définitivement enterrée. Le vote est prévu dimanche en fin de soirée.
Avec AFP