Un Français a été interpellé, dimanche aux Pays-Bas, dans le cadre de l’enquête sur le projet d’attentat déjoué en France. Deux autres personnes en lien avec le principal suspect, Reda Kriket, ont également été inculpées en Belgique.
Un nouveau réseau jihadiste avec des ramifications dans plusieurs pays européens. C’est ce que révèle l’enquête sur le projet d’attentat déjoué en France après l’interpellation dimanche 27 mars à Rotterdam d’Anis B., un Français de 32 ans ayant séjourné en Syrie.
Ce natif de Montreuil est soupçonné d’avoir été mandaté par l’organisation État islamique (EI) pour commettre un attentat en France avec Reda Kriket, a indiqué une source policière. C’est l’arrestation de ce dernier, jeudi à Boulogne-Billancourt, qui a permis aux enquêteurs de démanteler ce groupe lié à la mouvance jihadiste dite "Zerkani", du nom d’un prédicateur originaire de Molenbeek, Khalid Zerkani.
À la suite de l’interpellation de Rida Kriket, ex-braqueur de 34 ans, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait annoncé qu'un projet d'attentat "à un stade avancé" avait été déjoué, sans donner plus de précisions. Plusieurs fusils d'assaut, dont des kalachnikovs et des explosifs avaient été découverts dans son appartement du Val-d'Oise, à Argenteuil. Au vu du contexte, la garde à vue de Reda Kriket a d'ailleurs été exceptionnellement prolongée, a annoncé, lundi 28 mars, une source judiciaire.
Quant à Anis B., le suspect interpellé à Rotterdam, il sera extradé vers la France "sous peu" pour y être entendu, a indiqué de son côté le parquet néerlandais. Trois autres suspects, dont deux hommes de 43 et 47 ans d'origine algérienne, ont également été interpellés à Rotterdam où ont eu lieu plusieurs perquisitions.
Deux inculpés en Belgique
L'enquête s'est aussi rapidement orientée vers la Belgique.
Deux hommes, Abderamane A. et Rabah N., arrêtés vendredi dans le centre de Bruxelles, ont été inculpés pour "participation aux activités d'un groupe terroriste" et placés en détention provisoire.
Né en 1977 en Algérie, Abderamane A., dont l'inculpation a été annoncée dimanche, est connu des services antiterroristes.
Considéré comme "un volontaire jihadiste", il a été condamné en 2005 à sept ans de prison et à une interdiction définitive du territoire français, accusé d'avoir aidé deux militants tunisiens à assassiner le commandant Massoud en Afghanistan en 2001, deux jours avant les attentats meurtriers du réseau Al-Qaïda aux États-Unis.
Si cette affaire est distincte de l'enquête sur les attentats de Paris et Bruxelles, des relations ont toutefois pu être établies.
Kriket avait été condamné par contumace l'an dernier en Belgique dans le procès d'une filière jihadiste vers la Syrie, dont l'un des principaux prévenus n'était autre que le Belge Abdelhamid Abaaoud, figure des jihadistes francophones de l'EI et un des organisateurs présumés des attentats parisiens.
Cette filière était dirigée par un Bruxellois de 41 ans, Khalid Zerkani, le "plus grand recruteur de candidats au jihad" en Belgique, d'après les autorités belges.
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Kriket avait écopé de 10 ans de prison par défaut. L'enquête avait mis en lumière son rôle de financier de la filière Zerkani : il reversait une partie de ses braquages et activités de recel, au nom du principe musulman de la Ghanima (le partage du butin de guerre).
Kriket est toujours en garde à vue en France. Celle-ci peut durer jusqu'à lundi, voire mercredi en cas de menace d'attentat imminent ou pour des nécessités de coopération internationale.
Dimanche soir, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, soulignant de nouveau le "contexte de menace très élevée" en France, s'est félicité dans un communiqué de "la coopération" avec les partenaires européens dans cette enquête.
Avec AFP