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Le président Porochenko demande la démission de son Premier ministre Iatseniouk

Le président ukrainien Petro Porochenko a réclamé mardi la démission de son Premier ministre Arseni Iatseniouk, dont le gouvernement, selon lui, a perdu la confiance de la coalition au pouvoir sur fond d'affaires de corruption.

Le président ukrainien Petro Porochenko a demandé mardi 16 décembrela démission de son Premier ministre Arseni Iatseniouk, qui a selon lui perdu la confiance de la coalition au pouvoir.

Dans un communiqué dans lequel il appelle également à la démission du très controversé procureur général Viktor Chokine, le chef de l'État écrit : "Les mêmes paramètres doivent s'appliquer au gouvernement (...) La société a clairement jugé qu'il y avait eut davantage d'erreurs que de réussites et les ministres ont perdu sa confiance."

La demande surprise du chef de l'Étatest tombée quelques minutes avant la présentation par le chef de gouvernement de son rapport annuel devant le Parlement. Si son action est jugée insatisfaisante, il suffira aux partisans d'une motion de censure de recueillir les signatures de 150 députés pour qu'elle soit déposée.

Crise au sommet de l’État sur fond de corruption

Cette crise au sommet de l’État intervient au moment où les autorités ukrainiennes sont embourbées dans des scandales de corruption à répétition qui ont fait l'objet ces dernières semaines d'investigations dans des médias locaux et ont poussé plusieurs réformateurs à claquer la porte.

Dernière goutte qui a fait déborder le vase et a mobilisé les ambassadeurs du G7 en Ukraine : la démission début février du ministre réformateur de l'Économie Aivaras Abromavicius. Ce Lituanien naturalisé Ukrainien a expliqué qu'il ne voulait plus faire partie d'un système incapable de "combattre la corruption".

Un proche du Premier ministre, Mykola Martynenko, avait dû renoncer en décembre à son mandat de député à la suite de la publication d'éléments du dossier de l'enquête menée en Suisse contre lui pour des pots-de-vin de plus de 6 millions d'euros qu'il aurait touchés de l'usine tchèque Skoda, en échange de l'autorisation de fournir des équipements pour les centrales nucléaires ukrainiennes.

Un autre proche de Arseni Iatseniouk, le puissant ministre de l'Intérieur Arsen Avakov, est accusé par des médias de diriger une société immobilière en Italie, ce qui est interdit aux fonctionnaires ukrainiens, ainsi que de faire prospérer les affaires de sa famille dans le secteur gazier grâce à des avantages fiscaux.

"Iatseniouk a refait les peintures là où il fallait briser les murs"

Parmi les succès du gouvernement de Iatseniouk, les experts citent la stabilisation macro-économique, la création d'une nouvelle police de patrouille sur l'exemple américain, la réduction de la dépendance aux gaz et charbon russes et plus de transparence dans le systèmes des achats publics jugés très corrompus.

"Parmi ses plus gros échecs : l'absence de réformes dans le secteur de la fonction publique, dans les privatisations ainsi que dans les entreprises publiques" déficitaires, souligne Olena Bilan, économiste en chef du groupe d'investissements Gragon Capital, interrogée par l'AFP. "Le problème le plus grave est que le gouvernement n'a pas de soutien au Parlement."

"Les gens auraient pardonné à ce gouvernement les mauvais résultats économiques s'il avait réussi à changé le système. Or, Iatseniouk a refait les peintures là où il fallait briser les murs", souligne le politologue Mykola Davydiouk.

"Il a déçu les Ukrainiens et n'a pas justifié les attentes des Occidentaux parce qu'il ne lutte pas contre la corruption", a-t-il conclu.

Avec AFP et Reuters