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Sept ans après sa sortie, le film "Antichrist" privé de son visa d'exploitation en France

Après "La Vie d'Adèle", l'association catholique traditionaliste Promouvoir obtient l'annulation du visa d'exploitation d'"Antichrist", le film de Lars von Trier, sorti en 2009. En cause : des scènes "de très grande violence" et "de sexe non simulé".

Après "La Vie d’Adèle", c’est au tour d'"Antichrist" de passer sous les fourches caudines de la censure. Mercredi 3 février, la justice française a annulé le visa d'exploitation du film de Lars von Trier en raison de "scènes de très grande violence" et de "scènes de sexe non simulées".

Sorti en 2009, le long-métrage danois qui avait valu à Charlotte Gainsbourg un prix d’interprétation au Festival de Cannes comporte, selon la cour administrative d'appel de Paris, des scènes qui ont "un degré de représentation de la violence et de la sexualité qui exige, au regard des dispositions réglementaires applicables, une interdiction à tous les mineurs". De ce fait, le ministère de la Culture "a commis une erreur d'appréciation en se bornant à interdire sa diffusion aux seuls mineurs de moins de 16 ans", a fait savoir la cour.

Ce n’est pas la première fois qu'"Antichrist" fait face à pareille sentence puisque son visa avait déjà été annulé par deux fois pour vice de forme par le Conseil d'État, en 2009 et en 2012, et un nouveau visa avait été accordé à chaque fois par le ministère de la Culture. L'annulation du visa d'exploitation, c'est-à-dire l'autorisation administrative nécessaire à toute exploitation dans les salles – empêche la diffusion du film sur tout support (télévision, DVD, etc.), jusqu'à ce qu'un nouveau visa soit accordé.

Une association proche des milieux catholiques traditionnalistes

Derrière cette nouvelle déclassification se cache Promouvoir, à l’origine de la saisie de la justice. En décembre, cette association, proche des milieux catholiques traditionnalistes, avait déjà obtenu de la justice que l'interdiction aux moins de 12 ans de "La Vie d'Adèle", Palme d'or à Cannes, soit réexaminée. Elle avait aussi réussi cet été à faire interdire aux moins de 18 ans "Love", de Gaspar Noé, une histoire d'amour avec des scènes de sexe non simulées qui avait été au départ simplement interdit aux moins de 16 ans.

Promouvoir ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Selon Le Canard enchaîné, l’association entend obtenir une nouvelle hausse de restriction d’âge, cette fois-ci pour "Bang Gang", premier film d’Eva Husson interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en janvier.

>> Sur France 24 : "La croisade d'une association catholique contre le sexe au cinéma"

Avec AFP