Le ministère de l'Intérieur suédois a annoncé que les autorités entendaient expulser jusqu'à 80 000 migrants arrivés sur son sol en 2015. L'année dernière, 163 000 réfugiés ont déposé une demande d'asile dans le pays.
Les autorités suédoises ont annoncé mercredi 27 janvier qu’elles voulaient expulser jusqu’à 80 000 migrants arrivés sur son sol en 2015 et dont la demande d'asile a été ou sera rejetée.
"On parle de 60 000 personnes, mais cela peut monter à 80 000", a indiqué le ministre de l'Intérieur Anders Ygeman au quotidien financier Dagens Industri et à la télévision publique SVT, précisant que le gouvernement avait demandé à la police et à l'Office des migrations d'organiser ces retours.
En temps ordinaire, les expulsions s'effectuent sur des vols commerciaux, mais compte tenu des nombres évoqués, "nous allons devoir utiliser plus d'avions charters" spécialement affrétés et les expulsions s'étaleront sur plusieurs années, a ajouté le ministre.
Des arrivées massives en 2015
En 2015, 163 000 réfugiés ont déposé une demande d'asile en Suède, soit, proportionnellement à la population du pays, davantage que l'Allemagne.
Sur les quelque 58 800 dossiers traités en 2015 par l'office suédois, 55 % ont été acceptés, mais une proportion importante des décisions rendues concernaient des demandes déposées en 2014 alors que la crise migratoire n'avait pas encore atteint son pic.
Or les Syriens sont arrivés en masse en 2015 et le taux d'acceptation des demandes d'asile varie considérablement en fonction des nationalités. Celui-ci atteint 90 % pour les Syriens, 35 % pour les Afghans et 20 % seulement pour les Irakiens.
Des expulsion difficiles à appliquer
Par ailleurs, si selon l'office suédois, de nombreux Irakiens et Afghans sont expulsables à raison du règlement dit de Dublin, stipulant qu'une demande d'asile doit être examinée par le premier pays européen dans lequel un étranger est arrivé, ce règlement n'est pas toujours facile à appliquer. La Commission européenne cherche d'ailleurs à le réviser car il fait peser un fardeau inéquitable sur les deux grands pays d'entrée des migrants en 2015, l'Italie et la Grèce.
L'entrée en clandestinité de demandeurs déboutés qui veulent échapper à une reconduite à la frontière constitue aussi un autre facteur d'incertitude. "C'est souvent au moment d'être remis par l'Office des migrations à la police que beaucoup (de migrants) disparaissent", explique le chef de la police aux frontières, Patrik Engström, cité par le quotidien financier Dagens Industri sur son site internet.
Certains pays d'origine refusent également de reprendre leurs ressortissants, comme le Maroc et l'Afghanistan, actuellement en discussions à ce sujet avec Stockholm.
Avec AFP