Pôle emploi s’est associé avec un jeune entrepreneur français de 23 ans. Décrit comme un génie du "big data", il est, en outre, fondateur d'une ONG pour “changer le monde” à coups d’algorithme.
Un algorithme pour réduire le taux chômage en France et réussir là où François Hollande a jusqu'à présent échoué. Pôle emploi a décidé de vérifier si celui mis au point par le jeune entrepreneur français Paul Duan peut contribuer à réduire le nombre de personnes sans emploi, a annoncé l’organisme public mardi 26 janvier dans un communiqué.
Ce nouveau partenariat permet à Paul Duan d’avoir accès à l’immense base de données anonymisée des demandeurs d’emploi et des offres de recruteurs. Il appliquera alors son algorithme afin de créer une application “gratuite et facile d’accès“ qui promet d’améliorer les chances de retrouver un emploi. Censée être disponible avant la fin de l’année, cette nouvelle solution permettra de faire un “diagnostic à distance” du profil d’un candidat afin de lui proposer les “services adaptés” (offres d’emploi ou de formation), d’après Pôle emploi.
“Super héros de la data” ou “bon gars du big data”
L’organisme public ne se jette pas ainsi dans le grand bain du “big data” (exploitation d’un grand volume de données) avec n’importe qui. Paul Duan a beau n’avoir que 23 ans, il a déjà fondé sa start-up-ONG - Bayes Impact -, a rencontré le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, et n’a pas peur d’affirmer qu’il se sent capable de faire “économiser des milliards d’euros en frais opérationnel [à Pôle emploi] et réduire le taux de chômage en France” avec ses algorithmes.
Son parcours de jeune né à Trappes (banlieue parisienne) et qui réussit à se faire une place dans la Silicon Valley, la Mecque du high-tech, lui a valu dans les médias français des surnoms aussi divers que flatteurs. Paul Duan est le “super héros de la data science” (TechMeUp), le “bon gars du big data” (NouvelObs) ou encore le “génie français des algorithmes” (HuffingtonPost). Il est aussi reconnu par ses pairs puisqu’il a fait partie, en octobre 2015, des six finalistes d’un concours d’entrepreneurs de moins de 30 ans “qui veulent changer le monde” organisé par le magazine Forbes.
Mais le jeune homme n’a pas le profil type du fondateur de start-up qui cherche à faire fortune grâce aux nouvelles technologies. Il commence, certes, par travailler pour des grands noms de la Silicon Valley, comme Eventbrite, où on peut très bien et très vite gagner sa vie. Mais après deux ans, il change de cap et fonde Bayes Impact, une organisation à but non-lucratif, qu’il qualifie d’”OMS (Organisation mondiale de la Santé) de la technologie”. Bay Impact a d'ailleurs mis au point un système pour optimiser les parcours des ambulances et un algorithme qui calcule le risque de réadmissions des patients hospitalisés en fonction de leurs dossiers médicaux. L’ONG travaille même avec le gouvernement américain pour aider les vétérans à retrouver du travail.
Des ambulances aux vétérans américains
Pourquoi ce revirement ? Difficile à dire. Il serait lié à son passé de jeune banlieusard et à ses parents qui ont fui la Chine après avoir participé aux manifestations de Tienanmen, d’après le Huffington Post. Mais le “Nouvel Observateur” souligne que si Paul Duan est né dans un quartier réputé difficile, il a fait la majeure partie de sa scolarité au lycée franco-allemand de Buc (Yvelines), un établissement de très bonne réputation qui a également été fréquenté par l’actuelle ministre de la Culture, Fleur Pellerin. Le jeune entrepreneur admet au Nouvel Observateur qu’il y a une part de “mythe” dans la manière dont sa vie a pu être dépeinte par les médias, tout en soulignant qu’il n’est pas nécessaire d’être “Malala Yousafzai [militante pakistanaise et prix Nobel de la Paix, NDLR] pour vouloir changer le monde”.