
Une attaque menée vendredi sur l'hôtel Splendid de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, a fait au moins une vingtaine de morts. Cet attentat a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Un commando jihadiste a mené vendredi 15 janvier dans la soirée une attaque sanglante sur un restaurant et un hôtel du centre de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Au moins 23 personnes de 18 nationalités différentes sont mortes, a annoncé une source sécuritaire citée par l'AFP. Une dizaine de corps ont été retrouvés sur la terrasse du restaurant le Cappuccino en face de l'hôtel Splendid attaqué. Ces deux établissements sont prisés des Burkinabè aisés et des étrangers, notamment occidentaux.
Le ministère de l'Intérieur du pays a annoncé que 126 personnes avaient été libérées. Parmi elles, 33 ont été blessées.
Selon la gendarmerie, quatre jihadistes ont été tués, dont deux femmes. Le ministère a indiqué que les assauts sont terminés sur l'hôtel Splendid et le restaurant Cappuccino sont terminés, mais qu'une opération est toujours en cours sur un autre hôtel.
L'attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), qui l'a attribuée au groupe Al-Mourabitoune du chef jihadiste Mokhtar Belmokhtar, rallié à Aqmi, selon SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes.
"Cette revendication est crédible dans le sens où c’est déjà ce groupe qui avait revendiqué l’attentat de Bamako et que son chef Mokhtar Belmokhtar a toujours estimé cette partie de l'ouest africain comme étant son jardin", explique notre chroniqueur international Gauthier Rybinski en faisant référence à l'attaque de novembre dernier contre l'hôtel Radisson Blu dans la capitale malienne. "C'est également le cas dans la mesure aussi où le Burkina Faso est un pays en convalescence et qu’il est sur les rails d’une démocratie. À partir de là, il y a forcément des failles dans les systèmes de sécurité, ce qui aurait permis à ce groupe de commettre cet attentat", ajoute le journaliste de France 24.
Très rapidement vendredi soir, l'ambassade de France au Burkina Faso avait évoqué une "attaque terroriste", mettant en place un numéro d'urgence pour la communauté française (00226 25 49 66 20). Le vol Air France Paris-Ouagadougou a été dérouté vers le Niger voisin.
"J’ai vu trois ou quatre individus cagoulés et armés qui se sont introduits dans l’hôtel. Ils ont commencé à tirer et les gens ont paniqué. Tous les véhicules pratiquement devant l’hôtel ont brûlé", a raconté sur l'antenne de France 24, Dieudonné Zoungrana, journaliste à Aujourd’hui au Faso et présent lors de l'attaque.
Des forces spéciales burkinabè et françaises
Les forces spéciales burkinabè et françaises ont lancé dans la nuit de vendredi à samedi une opération pour déloger les jihadistes. Un membre des forces spéciales américaines et des drones de reconnaissance sont également déployés, a indiqué le Pentagone. Des tirs nourris ont retenti pendant cinq minutes samedi matin dans les étages supérieurs de l'hôtel.
"Les différentes composantes des forces armées et de sécurité se sont réparti les missions", a indiqué l'ambassadeur de France Gilles Thibault, alors que des militaires français étaient notamment sur les lieux.
La nationalité des victimes et des otages n'a pour le moment pas été précisée, pas plus que le nombre d'otages qui pourraient se trouver à l'intérieur de l'hôtel. Selon Robert Sangaré, le directeur de l'hôpital de Ouagadougou cité par l'agence Reuters, une femme européenne soignée à l'hôpital universitaire a déclaré que les assaillants semblaient particulièrement viser les Occidentaux.
Dans un communiqué, le président français François Hollande a "fait part de son total soutien au Président Kaboré et au peuple Burkinabé dans l'odieuse et lâche attaque qui frappe Ouagadougou".
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Deux mois après Bamako
Quelques heures avant l'attaque de Ouagadougou, une autre attaque a été lancée vendredi dans le nord du pays, a indiqué le ministère de la Défense. Un gendarme et un civil ont été tués à Tin Abao par une vingtaine d'hommes armés non identifiés.
Cette attaque au Burkina Faso survient un peu moins de deux mois après celle de l'hôtel Radisson Blu à Bamako. Le 20 novembre, une attaque jihadiste avait fait 20 morts dont 14 étrangers dans la capitale malienne. Des hommes armés avaient retenu en otages pendant plusieurs heures environ 150 clients et employés, avant une intervention. Cette opération a été revendiquée par deux groupes jihadistes: le 20 novembre par Al-Mourabitoune et le 22 novembre par le Front de libération du Macina (FLM, mouvement jihadiste malien).
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Avec AFP et Reuters