La France a enregistré 79 130 demandes d'asile en 2015, soit une hausse de 22 % par rapport à 2014. Un asile qui a été accordé à 31,5 % des demandeurs l'an dernier.
Confrontée comme plusieurs pays européens à la crise des migrants, la France a enregistré 79 130 demandes d'asile en 2015, soit une hausse de 22 % par rapport à 2014, selon des chiffres de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
L'asile a été accordé à 31,5 % des demandeurs l'an dernier, contre 28 % en 2014, a indiqué mardi à l'AFP Pascal Brice, le directeur général de l’Ofpra, en précisant que les Syriens étaient désormais les premiers demandeurs.
Les demandes des Syriens acceptées à 97 %
Avec 5 200 demandes déposées (+ 66 %), les Syriens obtiennent presque tous l'asile (à 97 %), a confié Pascal Brice. En deuxième position, la demande soudanaise a quasiment triplé (+170 % à 5 060 dossiers), dans la foulée des demandes déposées à Calais par des candidats ayant abandonné l'idée de passer en Grande-Bretagne. Les Kosovars occupent eux la troisième position du classement (avec +92 % à 4 650 demandes).
Viennent ensuite des demandeurs originaires de la République démocratique du Congo (RDC), de l'Albanie, d'Haïti, du Bangladesh et de la Chine. Concernant le Kosovo et l'Albanie, ces deux pays ont pourtant été replacé sur la liste des pays d'origine sûrs. Le tableau de l'asile a donc sensiblement évolué d'une année sur l'autre puisque en 2014 c'étaient la RDC, la Chine et le Bangladesh qui venaient en tête du classement. "On assiste à une reprise de la demande d'asile et à un recentrage sur les pays en fort besoin de protection", a précisé Pascal Brice
Une évolution qui est la conséquence de la crise des réfugiés, qui a jeté des centaines de milliers de personnes sur les routes de l'exil l'an dernier, avec pour la France la constitution de campements à Paris ou dans le Nord (Calais, Grande-Synthe) et pour l'Europe l'obligation d'innover, en mettant en place des processus de répartition des demandeurs arrivés en Grèce ou en Allemagne.
Des niveaux très éloignés de ceux de l’Allemagne
Dans ce contexte, le bilan marque logiquement une reprise de la demande adressée à la France, alors que l'année 2014 s'était soldée par un recul de 2 %, une évolution alors à contre-courant des autres grands pays européens. En 2015, et malgré l'augmentation à deux chiffres, on reste très loin des niveaux enregistrés par l'Allemagne, qui a accueilli 1,1 million de demandes d'asile à elle seule et qui reste en première ligne dans la crise des réfugiés.
Pour 2016, Pascal Brice s'attend à "une poursuite maîtrisée de la hausse de la demande en France", du fait notamment de la mise en place attendue du processus de "relocalisation", c'est-à-dire la prise en charge par la France de 30 000 réfugiés sur deux ans dans le cadre des accords européens.
Pour l'instant, le processus avance péniblement, puisque seules 19 personnes, des Erythréens, sont arrivées en France. L'un des points de blocage de l'asile en France reste l'engorgement du système, avec des délais de traitement pouvant atteindre deux ans au total. Et c'est désormais l'Ofpra qui accorde le plus souvent l'asile, dans les trois quarts des cas, alors qu'il y a quelques années c'était surtout en appel devant la cour nationale (CNDA) que les demandes étaient satisfaites.
L'organisme a traité 79 100 demandes l'an dernier, ce qui lui a permis de réduire son stock de dossiers en attente, une évolution nécessaire pour diminuer le délai d'instruction des dossiers, comme prévu par la réforme de l'asile.
Avec AFP