Au menu de cette revue de presse française, mercredi 6 janvier, la parution d’un numéro spécial de Charlie Hebdo, un an après les attentats de janvier à Paris, le courage de sa rédaction salué, les questions sur ce qu’il reste de "l’esprit du 11 janvier". Et les mesures contenues dans le projet de loi pour lutter contre le terrorisme.
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Tiré à un million d’exemplaires, ce numéro, préparé par les survivants et les nouveaux du journal, qui comporte aussi beaucoup de dessins des auteurs assassinés, montre à la une un Dieu barbu, armé d’une kalachnikov et à la robe ensanglantée: «1 an après, l’assassin court toujours» - un dessin de Riss, grièvement blessé le 7 janvier, qui signe un édito dans lequel il dénonce les «fanatiques abrutis par le Coran» et «culs-bénits venus d’autres religions», qui avaient souhaité la mort du journal pour «oser rire du religieux».
Un an après, Charlie est toujours Charlie, et comme toujours, la polémique est au rendez-vous. Les Echos rapportent que ce numéro a déjà fait grincer quelques dents. Parmi les premiers à faire part de leur désapprobation face à ce qu'ils considèrent comme une «provocation», figurent plusieurs responsables religieux, le président du Conseil français du culte musulman, qui s'est dit «blessé», et la conférence des évêques de France, qui réagit en demandant si c’est là le « genre de polémique dont la France a besoin».
Un an après l’attentat qui a décimé la rédaction, «Charlie Hebdo court toujours», se réjouit Libération, qui raconte comment l’hebdo «poursuit ses combats», «loin d’une union nationale vite oubliée». Un an après les attentats, plusieurs plumes se sont éloignées, des bisbilles financières ont agité la rédaction - mais «voilà un journal constitué de pacifistes, d’antimilitaristes, d’écolos et d’humanistes gentils dédiés au rire, qui a survécu sans rien céder à une agression terrifiante, (des journalistes) poursuivant leur tâche sans férir à la barbe des barbus criminels, alors qu’ils sont la cible haïe des intégristes de la Terre entière».
La rédaction de Charlie hebdo aurait peut-être déjà été dans la ligne de mire des tueurs lors d’une « répétition générale » avant la tuerie du 7 janvier. Cette info du Canard Enchaîné aurait été évoquée dans un procès-verbal qui aurait disparu du dossier d’instruction. Un journaliste d’une agence de presse, voisin du journal, aurait raconté aux policiers avoir aperçu un individu faisant des repérages devant les locaux, trois mois avant l’attaque. Lors d’une pause devant l’immeuble, ce journaliste aurait remarqué «un monospace de couleur sombre stationné sur une place de livraison, vitres ouvertes». «Le conducteur avait l’air de parler seul. Il disait: ça va leur apprendre à critiquer le Prophète». Le journaliste aurait reconnu par la suite ce conducteur comme étant Chérif Kouachi, l’un des deux auteurs de la fusillade, et aurait rapporté, sur le moment, cet échange au collègue de Franck Brinsolaro, le policier chargé de la protection de Charb, tué lui aussi le 7 janvier. Un rapport aurait été établi. C’est ce rapport qui aurait disparu.
Après les attaques de janvier 2015, la France «a-t-elle tiré les leçons de «Charlie»?», s’interroge le Figaro, qui estime que «des lacunes demeurent», en matière de lutte contre le terrorisme. Pour le journal, «l’esprit du 11 janvier» s’est essoufflé». «A une vision naïve et lyrique de l’unité nationale, a succédé une vision lucide et tragique». Est-ce cette «vision» qui conduit Manuel Valls à demander à ce que des mesures d’exception soient désormais inscrites dans le code pénal? D’après Le Monde, le projet de loi que le gouvernement vient de transmettre au Conseil d’Etat, entend intégrer la plupart des mesures de l’état d’urgence dans le code pénal, autrement dit, pérenniser nombre de mesures prévues au départ dans un dispositif exceptionnel.