Plusieurs villes d'Italie ont mis en place cette semaine des mesures d'urgence pour tenter de faire baisser le pic de pollution aux particules fines qui a touché le pays. À Rome, la circulation alternée a été imposée.
Plusieurs grandes villes italiennes ont limité la circulation automobile cette semaine pour lutter contre un épisode exceptionnel de pollution aux particules fines. Un phénomène qui s'est aggravé ces derniers jours en raison de l'absence de pluies.
À Milan et Pavie (nord), la circulation était interdite jusqu'à mercredi de 10 h à 16 h, horaire qui n'empêche pas ceux qui travaillent de prendre leur voiture mais vise surtout à dissuader les autres. "Ce matin, les rues sont désertes, mais ce n'est pas à cause de l'interdiction de circulation. Je suis vraiment la seule à travailler ce lundi ?", s'est ainsi émue une Milanaise sur Twitter.
À Rome, pour la troisième fois depuis début décembre, la circulation est interdite de 7 h 30 à 12 h 30 et de 16 h 30 à 20 h 30 aux voitures ayant une plaque impaire lundi, et paire mardi. Une mesure similaire est en place à Bergame (nord).
À Naples (sud), seuls les véhicules aux normes européennes d'émission Euro 4 et supérieures peuvent circuler cette semaine. Et la plupart de ces villes ont instauré un ticket journalier à 1,50 euro afin d'inciter les usagers à emprunter les transports publics.
"La qualité de l'air n'est pas acceptable"
#roma #smog targhe alterne de noantri nella città senza governo https://t.co/pnHXxlOMEX pic.twitter.com/Vy5RQvJ1Po
— Andrea Ferraretto (@Andreacritico) 21 Décembre 2015Parallèlement, de nombreuses municipalités ont limité à 18°C le chauffage dans les bureaux et les habitations.
La pollution aux particules fines dépasse largement, dans de nombreuses zones d'Italie, le niveau d'alerte de 50 mg/m3 recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce niveau a atteint 102 mg/m3 mi-décembre à Milan, qui vivait lundi son 97e jour de l'année au-dessus de la limite, le 32e consécutif.
L'interdiction de la circulation "est une réponse à une urgence exceptionnelle", a expliqué le maire (gauche) de Milan, Giuliano Pisapia, à "La Repubblica". De 10 h à 16 h, "elle ne bloque pas la ville, mais c'est une forte dissuasion".
D'une manière plus durable, a rappelé le maire, la ville a déjà pris des mesures pour tenter de limiter la circulation automobile : diffusion des voitures et vélo en partage, de préférence électriques, et renforcement des transports publics, avec un projet de cinquième ligne de métro.
Manque de contrôles
Devant la généralisation de l'urgence, le ministre de l'Environnement, Gian Luca Galletti, a annoncé une réunion, mercredi, des présidents de région et des maires des principales agglomérations pour tenter de coordonner les mesures. "Je ne veux pas imposer d'en haut des mesures", a expliqué le ministre à "La Stampa". "J'ai convoqué tout le monde pour évaluer les interventions déjà mises en place (...). Il faut étendre et partager les mesures qui se sont révélées les plus efficaces."
Selon le dernier rapport de l'Agence européenne de l'environnement cet automne, les particules fines ont provoqué 59 500 décès prématurés en 2012 en Italie, un record en Europe.
Certains critiquent toutefois l'efficacité des mesures prises cette semaine, en particulier la circulation alternée. Censée réduire le trafic de 20 %, elle s'est révélée un échec ces dernières semaines à Rome, la rareté des contrôles favorisant les resquilleurs.
L'association de consommateurs Codacons a pour sa part dénoncé des demi-mesures, en répétant qu'il fallait avant tout proposer des alternatives à la voiture. "S'il y avait à Rome un service (de transports publics) ponctuel et comparable à ceux des autres capitales européennes, le nombre de voitures en circulation serait automatiquement réduit toute l'année", a-t-elle assuré.
En attendant, les prévisions météorologiques annoncent un vent froid pour la fin de la semaine, qui devrait se révéler plus efficace dans l'immédiat pour disperser les particules néfastes.
Avec AFP