Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, a appelé les électeurs de son parti à faire barrage au FN en votant pour le candidat de droite dans certaines régions à risque. En septembre dernier il écartait cette possibilité.
Jeudi 10 décembre, le Premier secrétaire du Parti socialste (PS), Jean-Christophe Cambadélis, a adressé un courrier aux électeurs socialistes qui, à quelques jours du second tour des élections régionales, sont amenés à voter pour la droite républicaine afin de faire barrage au Front national (FN).
Cette lettre a été envoyée dans les trois régions où le FN est arrivé en tête du premier tour et où le PS a retiré ses listes : Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca) et en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, bien que le candidat de gauche Jean-Pierre Masseret se soit maintenu, sans l'étiquette PS.
Dans cette dernière région, l'extrême droite, emmenée par Marion Maréchal-Le Pen, a raflé plus de 40 % des suffrages. La liste de droite des Républicains (LR) de Christian Estrosi est loin derrière avec 28,4 % des voix. Le Parti socialiste, en troisième position, récolte 27,8 %. " Je suis profondément conscient du sacrifice que représente le retrait de nos listes ", écrit Cambadélis, mesurant "pleinement la déception" que cette décision a provoquée.
Une décision justement que certains électeurs socialistes en Paca ne doivent pas bien comprendre. Car en septembre 2015, ce même Cambadélis n'avait pas eu les mêmes mots doux pour la droit et appelait alors les électeurs de la région à ne jamais voter...pour Estrosi.
Estrosi, Le Pen, même combat ?
Au mois de septembre, en effet, le patron des socialistes excluait de faire un front républicain face à la menace Le Pen. Pas question, disait-il, de se désister en faveur de la droite au second tour des régionales... Pourquoi ? Parce que Christian Estrosi, le candidat LR, partage les mêmes idées que le FN, selon lui.
"Aujourd’hui quand vous entendez, honnêtement, quelqu’un comme Estrosi, vous vous demandez s’il n’est pas au Front national, avait-il déclaré sur France Info. Les positions développées par ce dernier sont pires que celles de Marion Maréchal-Le Pen, qui n’a même pas besoin d’être extrémiste sur la question des réfugiés et des migrants."
Dans une interview à "Libération" le 13 septembre 2015, le premier secretaire du PS estimait même que les positions de Christian Estrosi et de Xavier Bertrand (tête de liste LR dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie) sur les réfugiés "empêchaient tout front républicain".
Mais depuis le 13-Novembre, tout a changé. La gauche ne veut pas apparaître comme le parti qui n'a pas tout fait pour barrer la route au FN en Paca. Selon le sondage TNS Sofres-OnePoint pour "Le Figaro" et LCI publié mercredi, malgré ces zigzags, son appel a toutefois des chances d'être entendu : Marion Maréchal-Le Pen recueillerait 46 % des suffrages en Paca dimanche, contre 54 % pour Christian Estrosi.