Le président de la COP21, Laurent Fabius, a dévoilé un nouveau projet de texte d'accord à la Conférence sur le climat à Paris, mercredi. Rien n'est encore réglé tant les points de désaccord sont encore nombreux.
Après les grands discours des chefs d’État, la semaine dernière, et l’espoir d’arriver à un accord ambitieux sur le climat, voici venue la dernière ligne droite. Laurent Fabius, président de la COP21, a reçu le texte final qui devait servir de base à l’accord, mercredi 9 décembre, à 15 h. Preuve des tensions entre négociateurs : le document devait être initialement remis deux heures plus tôt.
Ce texte doit maintenant être traduit dans les différentes langues des négociateurs afin d’être soumis une dernière fois aux ministres des 150 pays représentés censés signer le document final vendredi. "Il y a eu une réduction des trois quarts du nombre de points entre crochets", s'est réjoui Laurent Fabius.
Mais, dans l'ensemble, l’ambiance n'est pas au beau fixe dans les couloirs de la Conférence parisienne sur le climat. "Les négociations avancent vraiment lentement", est une phrase entendue plus d'une fois dans la bouche de représentants de la société civile. Sur un certain nombre de points, les 29 pages de ce texte final sont loin de satisfaire les attentes, notamment des pays en voie de développement.
Intérêts divergents
Le texte soumis à Laurent Fabius souligne, en effet, les intérêts divergents entre les États dits riches - soumis à des pressions budgétaires en raison du contexte économique mondial - et les pays en voie de développement.
Le document n'aborde ainsi qu'en pointillé les questions de financements nécessaires pour aider les pays en développement à s’adapter aux conséquences des changements climatiques. "Nous sommes inquiets qu'à deux jours de la fin de la COP, il n'y ait toujours pas d'accord en vue sur cet enjeu clé des financements", a regretté devant France 24 Armelle Le Comte, chargée des questions de climat pour l'ONG Oxfam. Laurent Fabius lui-même reconnaît que "la question des finances doit encore faire l'objet de négociations".
Les ONG dénoncent aussi la formulation trop floue des articles consacrés à certains concepts clefs comme l’indemnisation par les nations riches des dommages causés par la multiplication des catastrophes naturelles liées au rechauffement climatique. “Le diable est dans les détails et la formulation”, a souligné Brandon Wu, membre de l’ONG Action Aid.
Il y a aussi des idées entières qui ont disparu comme l'appel par les négociateurs à privilégier les investissements dans les énergies "à bas carbone" (le terme renouvelable n'a jamais été utilisé). "Sur ce point, ce projet est même en recul par rapport au texte de samedi dernier", souligne Armelle Le Comte.
En l'état actuel, le texte constitue un accord au rabais, d'après la plupart des observateurs. Il illustre la tendance de "chacun à ne regarder que son intérêt national et de ne prendre en compte que des considérations à court terme", regrette Célia Gautier, porte-parole du Réseau action climat.
Reste à savoir si les diplomates réussiront, en deux jours, à satisfaire les intérêts de tous sans pour autant se contenter du plus petit commun dénominateur.pour obtenir la signature historique d’un accord par 150 pays.