logo

"Union nationale" : vivement critiquée, l'opposition calme le jeu à l'Assemblée nationale

Au lendemain du "spectacle indigne" offert par les députés lors de la première séance de questions au gouvernement après les attentats du 13 novembre, la tension a baissé d'un cran à l'Assemblée nationale.

L'opposition de droite, qui a fait voler en éclats mardi "l'unité nationale" en huant et en invectivant le gouvernement à l'Assemblée nationale dans une ambiance très tendue, cinq jours après les attentats meurtriers du 13 novembre, a fait preuve de retenue mercredi. Les élus de droite ont même applaudi le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

Alors que la France était en deuil, et que les Français s’unissaient dans le chagrin, le spectacle "désastreux", de l'avis même des parlementaires, offert lors de la séance des questions à l'Assemblée, la première depuis les attentats, avait suscité une énorme vague de critiques sur les réseaux sociaux et dans les médias.
"Spectacle indigne" 
L’éditorialiste Michel Urvoy, avait dénoncé dans "Ouest France" "le spectacle indigne offert mardi par une partie de l'Assemblée". Ce spectacle "est une honte pour la démocratie, une insulte aux familles endeuillées et au peuple meurtri", a-t-il poursuivi.
Le chef de file du parti Les Républicains (LR) à l’Assemblée, Christian Jacob, a réuni mercredi les députés pour tirer les leçons du désordre de la veille et faire amende honorable, alors que l'ancien président Nicolas Sarkozy multiplie les critiques contre l'exécutif. Emmenés par le député de l’Eure Bruno Le Maire, qui a posément défendu en préambule de la séance de mercredi les contreparties de l'union nationale, les députés LR ont applaudi, tous debout, le ministre de l'Intérieur, qui a rendu un vibrant hommage aux forces de l'ordre à la suite de l'opération antiterroriste de Saint-Denis.
Même la ministre de la Justice Christiane Taubira, régulièrement conspuée dans l'hémicycle et particulièrement chahutée mardi, a pris la parole dans un silence sans précédent. "On a décidé de ne plus tirer à boulets rouges sur Taubira", concède un député.
Claude Bartolone avait lancé mercredi matin un appel au calme lors d'une conférence des présidents de groupe, jugeant "inadmissible" le spectacle de la veille. Dans un échange de bons procédés, le président socialiste de l'Assemblée a consenti à reporter à mardi soir l'examen de la loi Santé, comme le réclamait l'opposition, après avoir obtenu l'engagement de Christian Jacob que ses troupes se tiendraient correctement.
"On a déconné"
"Je pense que nous avons été défaillants sur tous les bancs de l'hémicycle, à la suite de ces événements, probablement par excès de passion. Tout le monde a effectivement eu tort, et cela est de notre responsabilité", déclare l'ancien président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer (LR) jeudi dans un entretien à "L'Opinion".

"Nous nous sommes ressaisis mercredi, dans un esprit d'unité nationale et de dignité, qui doivent prévaloir lorsque l'essentiel est en cause", ajoute-t-il.

"L’union nationale est là chez les Français, chacun doit faire preuve de responsabilité", a lancé, mercredi, le député de l’Aisne Xavier Bertrand sur l’antenne de LCP. "Je n’aime pas cette ambiance de cour de récréation. Quelle image renvoie-t-on ? Les Français sont soudés, et nous, nous serions incapables de nous hisser à la hauteur des enjeux ?", a-t-il ajouté. Il a dénoncé "le spectacle que peut donner parfois la classe politique" tout en déplorant le fossé qui ne cesse de se creuser avec les Français.
"On a déconné hier, concède de son côté un député LR sous le sceau de l'anonymat, selon des propos rapporté par Reuters. On a eu des remontées très critiques de nos circonscriptions". Un autre élu LR, réputé pour ses déclarations "musclées", a déploré, lui aussi sous le sceau de l'anonymat, une séance "pathétique des deux côtés". Il propose que les députés soient désormais assis par ordre alphabétique dans l'hémicycle pour éviter ce genre d'incidents.
Toutefois, quelques élus ont toutefois tenté de justifier les réactions de la veille par l'attitude "agressive" de Manuel Valls qui selon eux n'a "pas été à la hauteur de la situation". "L'union nationale, ça ne peut pas être Hollande et Valls agissent et l'opposition se tait. Il faut que chacun fasse une part du chemin", a toutefois prévenu le député Daniel Fasquelle, proche de Nicolas Sarkozy.
"On attend surtout de François Hollande et de Manuel Valls qu'ils respectent l'opposition, qu'ils nous tendent la main et qu'ils ouvrent vraiment le dialogue", a-t-il ajouté.
"Est-ce qu'on peut approuver le fait que le gouvernement soit incapable de résoudre les problèmes qui existent en France ? Quelle unité ?, s’est interrogé au micro du "Grand Journal" le député-maire (LR) de Levallois-Perret Patrick Balkany, qui s’est particulièrement illustré mardi en hurlant et en gesticulant depuis son banc de l’hémicycle. On peut avoir une unité vis-à-vis des victimes mais pas vis-à-vis du gouvernement qui n'a rien fait depuis "Charlie" pour l'éviter."
Avec Reuters