Le célèbre journaliste égyptien Hossam Bahgat a été placé en détention, dimanche, après avoir été accusé de "publication d'informations mensongères", au sujet d'un procès d'anciens officiers de l'armée.
La justice militaire égyptienne a accusé dimanche un des plus importants militants des droits civiques en Égypte, le journaliste Hossam Bahgat, de "publication d'informations mensongères".
Il a été placé en détention après avoir été interrogé par les services de renseignement militaires sur un article évoquant un procès d'anciens officiers qui auraient été condamnés par un tribunal militaire pour avoir préparé un coup d'État contre le président Abdel Fattah al-Sissi.
Si cette accusation est confirmée par un acte officiel émis par un juge, le journaliste sera l'objet d'un procès devant la justice militaire, selon Negad el-Borai, un de ses avocats ayant assisté à son interrogatoire. "Nous espérons qu'il ne sera pas inculpé mais l'ambiance générale (en Égypte) n'est pas favorable à la presse et aux organisations de la société civile", a-t-il expliqué.
Auparavant, Lina Attalah, rédactrice en chef du site Mada Masr, avait indiqué à l'AFP que le journaliste de 37 ans, connu pour ses enquêtes minutieuses, avait été convoqué dimanche par les services militaires.
Il avait été transféré au parquet militaire près de neuf heures plus tard, selon Mada Masr, site avec lequel Hossam Bahgat collabore.
Pour l'ONG Amnesty International, l'arrestation de ce militant des droits individuels est un signal fort de la détermination des autorités égyptiennes à poursuivre "leur attaque féroce contre le journalisme indépendant et la société civile".
"L'arrestation d'Hossam Bahgat est un nouveau clou planté dans le cercueil de la liberté d'expression en Égypte", a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.
Connu pour son engagement en faveur des libertés, Hossam Bahgat est l'un des fondateurs en 2002 de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR) qui a joué un rôle clé dans la révolte populaire de 2011 ayant chassé l’ancien président Hosni Moubarak du pouvoir. Il avait reçu fin 2011 le prix Alison Des Forges, qui récompense des défenseurs des droits de l'Homme.
L'Égypte a renforcé cet été son arsenal antiterroriste par une loi qui prévoit notamment une amende très lourde pour les journalistes et médias, y compris étrangers, qui rapportent des informations contredisant les communiqués et bilans officiels en cas d'attentats ou d'attaques.
Avec AFP et Reuters