Moscou a dénoncé, vendredi, la parution de deux caricatures de l'hebdomadaire "Charlie Hebdo" sur le crash de l'Airbus dans le Sinaï, en Égypte, qui a fait 224 morts, le 31 octobre. Le Kremlin a qualifié les dessins de "blasphématoires".
"Dans notre pays, ça s'appelle du blasphème". Le Kremlin n’a pas franchement apprécié deux des dessins parus cette semaine dans le journal satirique "Charlie Hebdo". Ces derniers sont qualifiés de "blasphématoires" par Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe. Les deux caricatures en question illustrent le crash de l’Airbus A321 en Égypte qui a fait 224 morts, samedi dernier.
Allegedly these are new #CharlieHebdo cartoons mocking a tragedy as a result of which 224 people died. pic.twitter.com/VauuozEDrt
— Yury Barmin (@yurybarmin) November 6, 2015"Dans notre pays, ça s'appelle du blasphème, au sens large du mot, cela n'a rien à voir ni avec la démocratie, ni avec la liberté d'expression", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin. Ce dernier a toutefois précisé que la Russie n'allait pas demander d'explications à Paris.
"Mépris inacceptable"
"Y a-t-il des limites à la russophobie dans les médias occidentaux ?", s'est interrogé pour sa part le député Alexeï Pouchkov, président de la commission pour les affaires étrangères à la Douma (chambre basse du Parlement russe).
"Alors que le monde entier compatit avec la Russie, 'Charlie Hebdo' proclame le droit odieux au blasphème", a-t-il écrit sur Twitter. Le sénateur Konstantin Kossatchev, à la tête de la commission des Affaires étrangères au Sénat, s'est également insurgé de ce "mépris inacceptable pour les valeurs morales".
Si la Russie a participé à la marche historique organisée à Paris contre le "terrorisme" après l'attaque de "Charlie Hebdo" en janvier, elle s'est vite désolidarisée des caricatures de l'hebdomadaire.
"Manipulation habituelle d’un régime totalitaire"
"C'est une manipulation du Kremlin, qui utilise 'Charlie Hebdo'", a rétorqué le rédacteur en chef du journal satirique, Gérard Biard. "Il veulent attirer l'attention sur deux malheureux dessins et créer une polémique qui n'a pas lieu d'être. Cela ressemble à la manipulation habituelle d'un pouvoir totalitaire", a-t-il commenté à l'AFP.
"Que même les Russes s'y mettent" [à critiquer "Charlie Hebdo"], "ce n'est pas nouveau : c'était déjà le cas avec la polémique sur le dessin sur Aylan. Et aussi quand un opposant russe a été abattu devant le Kremlin [Boris Nemstov, assassiné en février NDLR], ils avaient dit qu'il avait été tué parce qu'il avait soutenu 'Charlie Hebdo'". "Nous respectons plus de valeurs que le pouvoir russe, comme la démocratie, la laïcité, la liberté d'expression", a-t-il dit.
Le crash de l'Airbus A321 de la compagnie russe Metrojet dans le Sinaï égyptien a fait 224 morts le 31 octobre. L'hypothèse d'une bombe à bord a été évoquée par Washington et Londres. Le président russe Vladimir Poutine a ordonné vendredi la suspension des vols des compagnies aériennes russes vers l'Égypte, sur recommandation des services secrets.
Avec AFP