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Les Chinois et une possible arnaque d’un Russe font bondir la valeur du bitcoin

La valeur du bitcoin est repartie fortement à la hausse ces dernières semaines. Une tendance qui s’explique essentiellement par l’engouement des Chinois pour cette devise dématérialisée. Et aussi par une probable pyramide de Ponzi d’origine russe.

Bitcoin, le retour. La valeur de cette monnaie décentralisée et électronique a explosé depuis un mois après une longue traversée du désert après la faillite retentissante et controversée en février 2014 de MtGox, la principale bourse d’échange de Bitcoin.

Mais ce moyen de paiement, inventé en 2008 par un mathématicien anonyme, semble revenir en odeur de sainteté auprès des investisseurs. Son taux de change par rapport au dollar est passé de moins de 250 dollars début octobre à près de 400 dollars le 5 novembre. Le Bitcoin n’a pas encore retrouvé ses sommets de début 2014, lorsqu’il valait plus de 1 000 dollars, mais il s’éloigne de son plus bas de fin 2014 lorsqu’il était passé sous la barre de 200 dollars.

Il n’y a pourtant pas eu d’événement particulier qui justifierait un regain de confiance pour le bitcoin ou une reconnaissance officielle de cette devise par une banque centrale d’importance. Du moins pas dans les pays dits industrialisés.

Bons baisers de Chine

La vigueur actuelle de la hausse du Bitcoin vient, en fait, de Chine, assurent les observateurs. "La crise boursière de cet été a marqué le début d’une ruée vers le bitcoin", souligne le site financier américain Zerohedge. Échaudé par les pertes essuyées en Bourse, un nombre croissant d’investisseurs chinois a décidé d’acheter du bitcoin dans l’espoir que spéculation aidant, ils pourraient en tirer un profit substantiel. "Nous avons connu une hausse incroyable du nombre d’utilisateurs", s’est réjouit sur Twitter Jack C. Liu, l’un des responsables de la plateforme chinoise OKCoinBTC.

C’est dans ce contexte qu’intervient un homme d’affaires, arnaqueur et ex-député russe qui aurait à lui tout seul, d’après le "Financial Times", nourri la bulle spéculative chinoise du bitcoin. Sergeï Mavrodi est le fondateur du site MMM qu’il présente comme le "premier réseau social d’échange de bitcoins" en Chine. La popularité de son site – qui promet des retours sur investissement de 30 % – se mesure au nombre de vidéos sur YouTube, intitulées “MMMs pays” (MMMs paie) : des centaines de Chinois ordinaires y expliquent qu’ils ont gagné des milliers de dollars en investissant en bitcoins sur ce site.

Un arnaqueur russe récidiviste

Sergeï Mavrodi a du culot : il avait déjà créé une "société d’investissement" du nom de MMM en Russie dans les années 1990. Elle lui avait valu quatre ans de prison après que son entreprise s'est révélée être une vaste escroquerie. Il s’agissait d’une pyramide de Ponzi du genre de celle qui a fait la triste renommée du financier américain Bernard Madoff. Sergeï Mavrodi a fait perdre près de 10 milliards de dollars à des dizaines de millions de personnes.

Ce Russe avait un temps réussi à éviter la prison… en se faisant élire député à la Douma en 1995. Son immunité avait été levée quelques années plus tard et il a été emprisonné jusqu’en 2011. La première chose que Sergeï Mavrodi a faite en retrouvant la liberté a été de remonter une pyramide de Ponzi. Il expliquait alors très clairement aux clients que son site était une arnaque et qu’il ne payait les retours faramineux sur investissement promis qu’en piochant dans l’argent mis par les internautes au pot commun sans jamais essayer de faire des profits en trouvant de bons placements. Il a crée une autre version de son site MMM pour l’Inde en 2011, et pour l’Afrique du Sud quelques années plus tard.

La spécificité de son site chinois est qu’il repose entièrement sur les bitcoins. Pour l’instant, il profite du désamour des Chinois pour la Bourse traditionnelle. Mais que va-t-il se passer lorsque les investisseurs, par l’appât du profit alléchés, se rendront compte que MMM comme toute pyramide de Ponzi est vouée à s’effondrer ? Le cours du bitcoin risque alors d’en pâtir sérieusement.