![Avec ces All Blacks, le rugby voit l’avenir tout en noir Avec ces All Blacks, le rugby voit l’avenir tout en noir](/data/posts/2022/07/20/1658335156_Avec-ces-All-Blacks-le-rugby-voit-l-avenir-tout-en-noir.jpg)
Les Néo-Zélandais ont prolongé samedi leur hégémonie en décrochant un deuxième titre consécutif de champions du monde face à l’Australie. Ils ont su mettre en place un système pour devenir une équipe terriblement efficace. Nouveau cap : Japon-2019.
Avant d'affronter les All Blacks en demi-finale de la Coupe du monde 2015, Heyneke Meyer, sélectionneur de l'Afrique du Sud, avait attiré l'attention sur la pérennité de la domination néo-zélandaise. "Généralement, après un titre de champion du monde, il y a une baisse des performances mais eux se sont juste améliorés, ce qui n'arrive jamais !" Sur cette base, Meyer avait ainsi qualifié plusieurs fois l'équipe de son ami Steve Hansen de "meilleure [équipe] de tous les temps".
Il est vrai que depuis leur sacre de 2011, les All Blacks n'ont pas faibli, au contraire. Dans les quatre saisons qui ont précédé ce titre (de 2008 à 2011), la formation de Richie McCaw a engrangé 46 victoires pour 9 défaites (soit 83 % de succès). Ce ratio étourdissant a été encore soigné lors du mandat suivant : 49 victoires, 2 nuls, 3 défaites (91 % de succès). Du jamais vu dans l'ère moderne, même chez l'Australie championne du monde 1999 et vice-championne en 2003 (70 % de succès entre 1996 et 2003).
Certes, des équipes All Blacks ont par le passé régné sur le monde, notamment à l'époque amateur, comme celle qui a enchaîné 34 victoires en 38 matches internationaux entre 1961 et 1969, ou celle ayant glané 36 succès en 38 rencontres (tests internationaux et contre des clubs ou des provinces) entre 1924 et 1925. Même s'il est difficile d'établir des comparaisons en raison de la fréquence des oppositions majeures et des formes de jeu pratiqué, il semble que les All Blacks de 2015 leur sont supérieurs.
En osmose avec la Fédération
Le succès de ces All Blacks, vainqueurs de l'Australie (34-17) samedi en finale, puise ses racines dans l'organisation générale du rugby néo-zélandais, où toutes les énergies sont tournées vers l'équipe nationale, le fleuron de l'île. "On est tous sur la même page et je crois que ça fait une énorme différence", a ainsi vanté, samedi 31 octobre, Steve Hansen, remerciant sa Fédération (la NZRU), mais aussi les franchises évoluant dans le Super Rugby (compétition internationale qui oppose dix-huit équipes néo-zélandaises, australiennes, sud-africaines, argentineset japonaises).
De la détection à la formation jusqu'à la sélection, le système est totalement intégré. Les meilleurs joueurs sont sous contrat avec la la fédé NZRU et doivent évoluer dans les franchises du pays pour porter le maillot noir. Si l'on soigne la condition physique évidemment, l'accent est aussi mis sur l'habileté technique et la lecture du jeu dès le plus jeune âge.
Enfin, de l'ordre a été mis dans l'équipe nationale après plusieurs déconvenues en Coupe du monde. Des règles de vie strictes ont été édictées en 2004 et ces principes ont encore cours aujourd'hui. "Il n'y aucune individualité plus grande que l'équipe. Et on comprend que notre tâche est d'apporter une pierre en plus à l'héritage", résume Richie McCaw.
La relève est déjà prête
Sur ces fondations, les All Blacks vont pouvoir continuer à construire pour la Coupe du monde 2019. Il faudra d'abord tourner la page de la génération dorée McCaw-Carter. Âgé de 34 ans, Richie McCaw entrera peut-être dans la légende comme le meilleur joueur de tous les temps, du moins chez les All Blacks. "Dan Carter fait partie des plus grands All Blacks, mais juste derrière Richie", tranche ainsi Hansen. "Ce qui les sépare, c'est que l'un des deux est un flanker [troisième-ligne] et il ne devrait pas jouer 148 matches dans sa position. Il donne tout son corps à chaque fois." Et McCaw pourrait encore glâner quelques sélections puisqu’il n’a pas annoncé, l’issue de la victoire contre l’Australie, la fin de sa carrière internationale. Quant à Dan Carter, il s'apprête à rejoindre le championnat français où il évoluera sous les couleurs du Racing 92
Derrière eux, la relève semble déjà prête. Le numéro 8 Kieran Read (30 ans, 84 sél) est plus que mûr pour le capitanat, épaulé par le jeune successeur de McCaw en n°7, Sam Cane (23 ans, 30 sél.). Des joueurs comme Brodie Retallick (24 ans, 46 sél.), Aaron Smith (26 ans, 46 sél.), Beauden Barrett (24 ans, 35 sél.) ou Nehe Milner-Skudder (24 ans, 7 sél.) incarnent un avenir brillant, après avoir fait leurs armes durant cette compétition. "Notre force, c'est qu'on a trouvé ce groupe de jeunes joueurs qui ont entre 20 et 40 sélections, sont en grande forme et ont tiré toute l'équipe", souligne ainsi Hansen. Avec eux, l'horizon devrait être noir, d'un noir éblouissant.
Avec AFP
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La générosité de Sonny Bill Williams
La scène, filmée par des spectateurs restera comme l’un des moments forts de la finale : alors qu’il réalisait, samedi 31 octobre, un tour d’honneur dans le stade de Twickenham avec ses coéquipiers, le trois-quart néo-zéalandais Sonny Bill Williams a vu un jeune supporter des All Blacks entrer sur le stade. "Un petit gars est venu vers moi en courant mais il s'est fait attraper par un stadier. C'était plutôt triste, c'était juste un petit garçon enthousiaste", a raconté le joueur après la finale. Il a alors pris sous sa protection ce supporter âgé de 14 ans. Et au moment de le laisser rejoindre ses proches dans la tribune, il a décidé de lui donner sa médaille de champion du monde. "Bon, l'entraîneur m'a dit après que la médaille était en or pur", a plaisanté le joueur. "Mais je suis content qu'il l'ait parce que je sais qu'il va vraiment l'apprécier et quand il sera plus vieux, il pourra raconter l'histoire à ses enfants." Et Sonny Bill Williams s'est finalement vu offrir dimanche une nouvelle médaille.