Alors que l'annonce officielle des résultats de l'élection présidentielle ivoirienne est attendue mardi, les observateurs internationaux ont jugé le scrutin "transparent".
La présidentielle en Côte d'Ivoire a mobilisé 60 % des électeurs, selon les premières estimations de la Commission électorale indépendante (CEI) données lundi 26 octobre. Un taux de participation déjà contesté par l'opposition, dont plusieurs candidats avaient appelé au boycott face au grand favori, le sortant Alassane Ouattara.
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Les observateurs s'attendaient à une faible participation, en tout cas bien inférieure à celle de 2010, lorsqu'elle avait frôlé les 80 %. Ce chiffre "exceptionnel" correspondait à une élection de "sortie de crise" organisée après d'innombrables reports depuis 2005 et avec trois candidats majeurs (Ouattara et les anciens présidents Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, qui soutient aujourd'hui Ouattara), selon un haut responsable ivoirien.
Cette élection, dans la première économie d'Afrique de l'Ouest et leader mondial de la production de cacao, est considérée par la communauté internationale comme cruciale pour tourner définitivement la page des violences meurtrières de 2010.
Trois candidats et une partie de l'opposition avaient appelé à boycotter l'élection, qualifiant le scrutin de "mascarade électorale", tandis que le camp Ouattara, confiant dans sa victoire pour un nouveau mandat de cinq ans, avait identifié la participation comme déterminante pour la crédibilité de l'élection.
Et le taux de participation est déjà contesté. "Ce taux est irréaliste. Nous sommes surpris qu'il soit annoncé par quelqu'un qui représente le candidat Ouattara à la CEI (M. Koné Sourou)", a affirmé Kouakou Kra du Front Populaire Ivoirien (FPI), fondé par Gbagbo. Le quotidien Pro-Gbagbo avait notamment titré à sa une lundi "Désert total".
"Évident" qu'Alassane Ouattara soit réélu
Lundi en fin d'après-midi, la parti d'Alassane Ouattara, le Rassemblement des Républicains (RDR), a réagi aux allégations. "La CEI vient de publier le taux provisoire de participation (...) Déjà les voix de l'opposition s'élèvent pour parler de manipulation (...) Le comportement de ces éternels perdants n'est pas digne ni responsable", a estimé le porte-parole du RDR, Joël N'Guessan. "Il n'est point question que les résultats provisoires ou définitifs (...) soient remis en cause de manière irresponsable et surtout sans preuves. La page des élections calamiteuses est tournée", a-t-il conclu.
De nombreux observateurs étrangers misent sur une victoire dès le premier tout du président sortant. "L'issue (du vote) est connue. On ne peut pas dire que le suspense soit haletant", a ainsi ironisé l'un d'eux. Bertin Konan Kouadio, l'un des six adversaires d'Alassane Ouattara, qui avait d'ailleurs dénoncé des fraudes, a déclaré lundi soir que le chef d'État sortant était réélu. "Selon les résultats en notre possession, il semble évident qu'Alassane Ouattara remporte la majorité des voix nécessaire à sa réélection", a-t-il indiqué à la presse avant d'adresser ses félicitations au président.
L'opposant Pascal Affi N'Guessan, représentant du FPI, devrait arriver en deuxième position, mais il était handicapé par l'appel au boycott du vote par une partie de sa formation.
"Volonté du peuple ivoirien"
Cette élection, qui s'est déroulée sans incident majeur, a été jugée lundi crédible et "transparente" par les observateurs de l'Union africaine et de la sous-région (UA et Cédéao). "On peut, sans risque de nous tromper, tirer cette conclusion que ça a été bien organisé, que c'était transparent", a affirmé Aminata Touré, chef de mission d'Observation de l'Union africaine. L'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, qui conduisait une délégation de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) s'est déclaré satisfait : "Les élections vont refléter la volonté du peuple de Côte d'Ivoire".
Les États-Unis ont estimé que l'élection a été "transparente, crédible et inclusive". "Nous espérons que les résultats du premier tour qui seront annoncés soient acceptés par tous ceux qui contestaient le scrutin", écrit l'ambassade américaine dans un communiqué.
Grand absent du scrutin, l'ex-président Gbagbo attend son jugement pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale dans une cellule au Pays-Bas. En 2010, son refus de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara avait plongé le pays dans cinq mois de conflit qui s'étaient soldés par la mort de 3 000 personnes, épilogue sanglant d'une décennie de crise politico-militaire.
Les résultats officiels sont attendus mardi.
Avec AFP et Reuters