
Alors que l'Europe fait face à une crise migratoire sans précédent, le président français a admis que l'Europe avait tardé à mesurer l'ampleur des "tragédies" au Proche-Orient et en Afrique et mis en garde contre une "guerre totale" en Syrie.
Vingt-cinq ans après la réunification allemande, le président français s’est adressé, mercredi 7 octobre, au Parlement européen à Strasbourg pour appeler l’Europe à rester fidèle à ses principes de "solidarité", de "responsabilité" et de "fermeté", seuls moyens selon lui de faire face aux "nouveaux drames" et aux "nouveaux défis" qui se posent à elle.
Après les crises économiques et sociales qui ont frappé l’UE de plein fouet ces dernières années, l’Union est confrontée à une "crise humanitaire" – avec l’afflux de migrants – et à une crise sécuritaire – avec la guerre en Ukraine –, a estimé François Hollande, livrant un discours alarmant, mais déterminé.
François Hollande a appelé à une Europe forte et souveraine, prévenant des dangers d’un retour au souverainisme national. "À chaque crise, des peurs se manifestent. Il faut vivre avec la peur, mais pas dominés par la peur", a prévenu M. Hollande. "Il n’y a rien de plus vain que de tenter de se sauver seul. (…) Le souverainisme c’est le déclinisme", a-t-il poursuivi. Pour lui, il y va de la survie de l’Europe.
Crise migratoire : l’Europe a tardé à en mesurer l’ampleur
François Hollande a admis que l'Europe avait "tardé" à mesurer l'ampleur des "tragédies" au Proche-Orient et en Afrique qui ont déclenché la pire crise migratoire en Europe depuis 1945. Il a évoqué le chiffre de 600 000 migrants. "L'Europe s'est employée à sauver des vies, à lutter contre les filières criminelles" profitant de l'afflux de réfugiés mais "l'Europe a tardé à comprendre que les tragédies au Proche-Orient et en Afrique auraient des conséquences pour elle", a affirmé le chef de l'État.
Il a appelé les pays européens à faire preuve de solidarité "vis-à-vis des réfugiés, victimes des convulsions du Moyen-Orient", vis à vis des "États européens qui en subissent la pression en première ligne", et vis-à-vis de "l’Afrique qui se bat pour son développement". Faire preuve de solidarité, c’est ne pas sombrer dans la "tentation du repli national", a-t-il poursuivi.
Pour François Hollande, l'Union européenne doit mettre en application au plus vite les dispositifs sur lesquels elle s'est mise d'accord pour répondre à la crise. À savoir : engager des discussions avec la Turquie où "les réfugiés doivent être accueillis" ; mettre en place des centres d’accueil et d’identification ; et "répartir les demandeurs d’asile entre États membres".
Syrie : "risque d’une guerre totale"
François Hollande a ensuite appelé à la fermeté face au "drame syrien". Il a mis en garde contre "une guerre totale" si l'Europe n'agissait pas en Syrie et dans la région. Fidèle à sa position, il a une nouvelle fois appelé à "contribuer" à une autre alternative que Bachar al-Assad ou le groupe État islamique.
"Si nous laissons les affrontements religieux, les affrontements entre chiites et sunnites s'amplifier, ne pensons pas que nous serons à l'abri : ce sera une guerre totale", a averti M. Hollande devant les députés européens. "Nous devons construire en Syrie, avec tous ceux qui peuvent y contribuer, un avenir politique qui donne à la population syrienne une autre alternative que Bachar al-Assad ou Daech" (acronyme arabe de l'État islamique), a-t-il réaffirmé.
"Nous devons faire en sorte que la transition politique en Syrie puisse se faire sans bourreau", a-t-il insisté. "Encore aujourd'hui, il bombarde, il tue, il massacre".
Environnement : des choix qui engagent les générations futures
À moins de deux mois du la conférence sur le climat [COP21] organisée à Paris, François Hollande a appelé l'Europe à "régler la question climatique", "pour les générations à venir, c’est le rendez-vous à ne pas manquer", a-t-il déclaré.
"Il nous appartient de faire les bons choix. Prenez conscience de la catastrophe pour les générations futures", a-t-il insisté, appelant les pays européens à déposer leurs propositions pour la COP21 et à réunir le milliard d'euros nécessaire pour aider les pays en développement à opérer leur transition énergétique.