La Centrafrique est depuis trois jours en proie à une vague de violences populaires et les scènes de pillage se multiplient dans la capitale. La République démocratique du Congo a fermé ses frontières pour stopper le flux de réfugiés centrafricains.
Bangui s'enfonce jour après jour dans le chaos. Près de 40 personnes ont été tuées dans la capitale depuis samedi et au moins 27 400 autres ont été déplacées en quelques jours, tandis que 500 détenus se sont échappés, s'est alarmé l'ONU mardi 29 septembre.
"La nuit a été longue pour les habitants du centre ville de Bangui", raconte Matteo Guidoux, correspondant de France 24 dans la capitale centrafricaine. Les pillages ont repris de plus belle dans les locaux désertés par le personnel des ONG. [...] La population vient se servir dans ce qu'il reste des bâtiments dévastés. Certaines ONG ont fait le choix d'évacuer une partie du personnel en RDC en traversant le fleuve qui sépare les deux pays". Et de conclure : "Les habitants sont désespérés".
"Nous craignons que la violence que nous voyons à Bangui soit un retour aux jours sombres de la fin 2013 et de 2014, lorsque des milliers de personnes ont été tuées et des dizaines de milliers ont dû fuir leurs foyers", a pour sa part déclaré un porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Leo Dobbs, lors d'un point de presse à Genève.
La RDC n’est pas un "déversoir"
La République démocratique du Congo a, elle, fermé sa frontière avec la Centrafrique lundi après-midi et "jusqu'à nouvel ordre", à la suite du regain de violence "incontrôlable" qui a éclaté à Bangui, a déclaré mardi Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement congolais.
La RDC, elle-même en proie à une instabilité chronique dans l'Est depuis 20 ans, n'est pas un "déversoir de l'insécurité des autres", a-t-il ajouté.
Selon une source du HCR, une trentaine de personnes sont arrivées lundi à la mi-journée à Zongo, ville de l'extrême nord-ouest de la RDC séparée de Bangui par l'Oubangui, affluent du Congo qui marque la frontière entre les deux pays sur près de 700 km.
Clivage entre chrétiens et musulmans
Le meurtre d'un vélo-taxi a servi de détonateur à cette nouvelle explosion de violences dont la capitale centrafricaine est coutumière depuis deux ans que s'affrontent dans un cycle meurtrier d'attaques et de représailles des milices constituées essentiellement selon un clivage entre chrétiens et musulmans.
"Dès le moment où il y a eu tension, on a expliqué aux autorités (congolaises), comme toujours dans ces cas-là, qu'il fallait donner le libre accès à ceux qui fuient", tout en contrôlant que des hommes armés ne se mêlent pas aux réfugiés, a-t-on indiqué au HCR.
Un dixième de la population centrafricaine, soit environ 460 000 personnes, serait actuellement réfugiée à l'étranger, principalement au Cameroun, au Tchad, en RDC et au Congo-Brazzaville.
Avec AFP