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Les indépendantistes catalans en passe de remporter les élections régionales

Les deux listes indépendantistes ont remporté la majorité absolue des sièges aux élections régionales en Catalogne, selon des résultats partiels. Un premier pas vers une éventuelle sécession de la région.

Les indépendantistes semblent avoir gagné leur pari. À l'issue du scrutin régional dimanche 27 septembre en Catalogne, les deux listes indépendantistes ont réussi à obtenir une majorité absolue des sièges au Parlement de la région, selon des résultats partiels.

Avec plus de 60 % des bulletins de vote dépouillés, elles obtiendraient 72 sièges sur 135 au total. La liste "Junts pel si" ("Ensemble pour le oui") raflerait 62 sièges, et l'autre liste indépendantiste CUP en gagnerait 10. En pourcentage, elles auraient recueilli à elles deux 47,3% des voix.

Le dirigeant indépendantiste sortant de la Catalogne, Artur Mas, a lancé à la foule dimanche soir : "Nous avons gagné !" Artur Mas a réussi à faire de ce scrutin un plébiscite : il a promis qu'en cas de victoire, lui et ses alliés mèneraient la Catalogne vers l'indépendance de l'Espagne, en 2017 au plus tard.

"À l'État espagnol, sans rancune, adieu", a lancé sur son compte Twitter Antonio Baños, le chef du petit parti indépendantiste de la gauche anticapitaliste CUP, avec lequel les partisans d'Artur Mas devront s'allier.

https://t.co/K36fy2ddCs dedicat a l estat espanyol. Sense rancunies, adeu

— Antonio Baños (@antoniobanos_) 27 Septembre 2015

Selon les chiffres du gouvernement régional de Catalogne, la participation a atteint 76,75 %, dépassant de 9 points celle du dernier scrutin régional en 2012.

"Une question de dignité et de respect"

Dimanche soir, à la fermeture des bureaux de vote, une foule de près d'un millier de personnes s'était rassemblée dans le centre de Barcelone, devant l'ancien marché du Born, où est installé le QG de campagne de "Junts pel si". Brandissant le drapeau rouge, jaune et bleu des sécessionnistes, ils criaient des slogans pro-indépendance. Toni Valls, un architecte de 28 ans, a voté pour les indépendantistes : "C'est une question de dignité et de respect pour une culture différente qu'ils (le gouvernement) n'ont même pas cherché à comprendre", dit-il.

Cela fait trois ans qu'Artur Mas exige un référendum d'autodétermination semblable à celui organisé en Écosse il y a un an, où le non l'avait emporté. Mais Madrid a toujours refusé, arguant de son inconstitutionnalité. À la faveur de la crise et de médiocres relations avec le pouvoir central, le nationalisme de nombreux Catalans fiers de leur culture a viré à l'indépendantisme.

Le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy, s'est impliqué personnellement dans la campagne, plaidant pour une "Espagne unie", et dressant la liste des catastrophes qui, selon lui, guettent les Catalans en cas d'indépendance unilatérale : exclusion de l'UE, explosion du chômage, effondrement des retraites. Sa formation, le Parti populaire, essuyerait un large échec au scrutin dimanche : il passerait de 19 sièges à 11.

Si la Catalogne s'en allait, elle emporterait avec elle un cinquième du PIB de l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, et un quart de ses exportations. L'éventualité inquiète banquiers et entrepreneurs, qui invitent au dialogue entre Madrid et Barcelone. Barack Obama, David Cameron et Angela Merkel ont également souhaité le maintien de l'unité.

Dans la région-même, certains s'inquiètent des conséquences du scrutin de dimanche. "Ce n'est pas le moment de nous séparer. Moi, cela va me toucher directement, s'il n'y a pas de retraites. Il faut rester en Espagne, mais avec un gouvernement plus autonome", estimait Mireia Galobart, une retraitée de 70 ans.

Avec AFP