Suspecté d'avoir participé en 2012 à la destruction de mausolées à Tombouctou au Mali, Ahmad al-Faqi, un des chefs présumés du groupe islamiste Ansar Dine, a été remis samedi à la CPI. Il est accusé de crimes de guerre.
Il s'agit d'une première pour la Cour pénale internationale (CPI). Elle va être amenée à statuer sur le sort d'un responsable de la destruction de l'héritage culturel d'un pays. Un chef présumé du groupe islamiste radical Ansar Dine, soupçonné d'avoir participé en 2012 à la destruction de mausolées à Tombouctou au Mali, lui a été remis samedi 26 septembre par les autorités du Niger.
"Les charges portées à l’encontre de Ahmad al-Faqi al-Mahdi portent sur des crimes extrêmement graves ; elles concernent la destruction de monuments historiques irremplaçables. Il s’agit d’une attaque impitoyable contre la dignité et l'identité de populations entières, contre leurs racines religieuses et historiques", a précisé la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, dans un communiqué.
itLe Touareg également connu sous le nom d'Abou Tourab, est soupçonné de "crimes de guerre" pour avoir délibérément participé à la destruction de neuf mausolées et d'une mosquée à Tombouctou. Inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, "la cité des 333 saints" était restée d'avril 2012 à janvier 2013 sous le contrôle de groupes islamistes armés qui l'ont défigurée, considérant la vénération des saints comme de "l'idolâtrie"
Ce dossier est aussi le premier en lien avec le Mali, dont le nord était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de ces groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, après la déroute de l'armée face à une rébellion à dominante touareg.
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Soupçonné d'avoir dirigé une "brigade des mœurs"
Selon la CPI, Al Faqi était un des leaders d'Ansar Dine, un groupe islamiste radical associé à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Originaire d'Agoune, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Tombouctou, il aurait "été une personnalité active dans le contexte de l'occupation de la ville de Tombouctou", selon le communiqué de la CPI. Il aurait opéré "en étroite association avec les leaders des deux groupes armés" Ansar Dine et Aqmi et "aurait pris la tête d'une "brigade des mœurs" qui avait fonctionné entre mai et septembre 2012. La CPI le soupçonne également d'avoir participé à l'exécution de décisions prises par le Tribunal islamique de Tombouctou.
Les jihadistes qui contrôlaient le nord du Mali en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement. La CPI enquête depuis début 2013 sur des crimes de guerre présumés commis depuis janvier 2012 au Mali par divers groupes armés "qui ont semé la terreur et infligé des souffrances à la population"
Avec AFP et Reuters