
La Colombie et le Venezuela ont abordé mercredi l'épineuse question de leur frontière commune, une zone poreuse où les trafics se multiplient. Cette rencontre a été provoquée par l'expulsion du Venezuela de plusieurs centaines de Colombiens.
Les ministres colombienne et vénézuélienne des Affaires étrangères ont affirmé leur volonté de coopération, mercredi 26 août, sans arriver à un accord permettant la réouverture de la frontière, dont une partie à été fermée pour lutter contre la contrebande, provoquant l'expulsion d'un millier de Colombiens du Venezuela.
"La rencontre a été positive, ouverte, franche", a assuré à la presse la ministre colombienne des Affaires étrangères, Maria Angela Holguin, à l'issue d'une réunion avec son homologue vénézuélienne Delcy Rodriguez en Colombie, ajoutant que les sujets de fond liés à cette crise avaient été abordés.
"Nous avons le problème de groupes criminels qui se consacrent au trafic de drogue et à la contrebande, le problème du prix de l'essence et celui du différentiel du change monétaire", a détaillé la ministre colombienne.
Cette réunion était destinée notamment, pour Bogota, à protester "contre la façon dont ont été maltraités" les Colombiens, selon les propres mots du président Juan Manuel Santos.
La semaine dernière, après une embuscade à la frontière dans laquelle trois militaires et un civil vénézuéliens ont été blessés, le président vénézuélien Nicolas Maduro a décrété l'état d'exception pour 60 jours et fermé de manière "indéfinie" une partie de la frontière, une zone poreuse de 2 219 kilomètres de long, où se multiplient les activités de guérilleros, de paramilitaires, de trafiquants de drogue, mais aussi de nombreux contrebandiers.
Mais cette mesure, qui vise avant tout le trafic d'essence du Venezuela, où elle coûte beaucoup moins cher, vers la Colombie, s'est doublée de l'expulsion, en quelques jours, de plus de 1 000 Colombiens installés au Venezuela, accusés de ne pas être en règle.
Un premier pas entre les deux pays
Maria Angela Holguin a annoncé que les ministres de la Défense des deux pays allaient se rencontrer dans les prochains jours pour établir un plan de lutte contre les groupes criminels, et que la Colombie renforcerait sa présence "sur 47 nouveaux passages frontaliers informels", une des mesures d'un plan qui devrait être appliquée rapidement.
La ministre a assuré que le Venezuela ferait des propositions pour lutter contre le trafic d'essence et la contrebande de marchandises. "Personne ne nous détournera de cette ligne de coopération avec le Venezuela", a insisté Maria Angela Holguin. La ministre vénézuélienne de son côté a assuré que la réunion représentait un premier pas "sur le chemin qui nous permettra de construire une nouvelle frontière".
"Nous continuerons à travailler pour construire une frontière de paix (...) où les mafias ne s'imposent pas", a ajouté Delcy Rodríguez, qui à cette occasion a réfuté les allégations d'abus qu'auraient subi des Colombiens expulsés du Venezuela.
Dans la ville frontalière de Cucuta, un centre d'urgence pour les Colombiens expulsés a été installé et a reçu jusqu'à présent 1 088 personnes, dont 244 mineurs, selon le bureau colombien des migrations.
Le président Santos s'en est vivement ému : "La situation des compatriotes au Vénézuela et de ceux qui vivent à la frontière nous inquiète", a-t-il déclaré en conférence de presse, et "nous exigeons du gouvernement du Venezuela le respect pour tous les Colombiens, des plus humbles aux plus puissants".
Avec AFP