
Alors que les ministres de l'Agriculture se réunissent à Bruxelles, les producteurs de lait ont envahi, ce lundi, les rues de plusieurs pays de l'Union européenne. À l'origine de la grogne : une chute de 30 % des prix par rapport à 2008.
AFP - Les producteurs européens de lait manifestaient dans plusieurs pays lundi pour alerter l'opinion sur la chute brutale des prix à laquelle ils sont confrontés, et faire pression sur les ministres de l'Agriculture de l'UE réunis à Bruxelles.
En France, où le secteur est en ébullition depuis plusieurs jours, quelque 12.000 d'entre eux bloquaient les accès de 81 laiteries dans le cadre d'une nouvelle journée nationale de mobilisation, selon le premier syndicat agricole du pays, la FNSEA.
Les producteurs dénoncent une chute de 30% des prix par rapport à l'an dernier.
A Berlin, environ 6.000 agriculteurs devaient se réunir en milieu de journée, à l'appel de la confédération nationale du secteur, pour exprimer leur inquiétude concernant la baisse des prix.
Ils demandent que les banques ne soient pas seules à bénéficier du soutien de l'Etat. "Ca suffit! nous voulons aussi un plan de relance pour les agriculteurs allemands", dit l'un de leurs slogans.
En Espagne, la grogne monte aussi, visant notamment les importations de lait étranger, français en particulier, accusées de tirer les tarifs des producteurs nationaux vers le bas.
La fédération espagnole du secteur a demandé lundi au gouvernement de "trouver des solutions urgentes (...) pour éradiquer de possibles pratiques de +dumping+, ou l'entrée dans notre pays de lait français à bas coût".
A Bruxelles, environ 900 agriculteurs, selon la police, venus principalement d'Allemagne, de France et de Belgique, manifestaient pour demander l'intervention des pouvoirs publics afin de faire remonter les prix du lait.
Marchant au son de cloches de vaches, les producteurs réclamaient avant tout une baisse des quotas laitiers (plafonds autorisés de production). L'UE a commencé à les relever et veut supprimer toute restriction à la production à l'horizon 2014/15.
"La priorité aujourd'hui est qu'il faut baisser les quotas laitiers d'un minimum de 5% et réintroduire de la régulation flexible de la production", a indiqué à l'AFP Erwin Schöpges, responsable belge du syndicat européen des producteurs de lait, le European Milk Board (EMB).
"Beaucoup de producteurs ne peuvent plus tenir avec le prix actuel", a-t-il ajouté.
Après avoir traversé le centre-ville, les manifestants ont commencé à se rassembler devant le bâtiment où se retrouvent à partir de 14H30 (12H30 GMT) les ministres de l'Agriculture de l'UE.
Les ministres doivent se saisir du problème laitier, à la demande de la France, de l'Allemagne et de l'Autriche, trois des plus grands pays producteurs européens avec l'Irlande et la Pologne.
Leurs moyens d'action sont toutefois limités, car les prix du lait se négocient au niveau national entre producteurs et industriels ainsi que distributeurs.
Les gouvernements français, allemand et autrichien ont publié un document dans lequel ils demandent une hausse des aides à l'exportation pour le fromage, une éventuelle prolongation - au-delà de la date limite prévue de fin août- des mesures d'intervention publique visant à soutenir les prix, et la réactivation d'aides au lait écrémé en poudre destiné à l'alimentation des animaux.
Sans demander une remise en cause de l'augmentation des quotas, ils souhaitent aussi que Bruxelles fasse "rapidement" des propositions en vue, le cas échéant, de "la mise en place d'une nouvelle gouvernance du secteur laitier".
La Commission européenne, pour sa part, a réitéré lundi son refus d'une baisse de quotas. "Cette année, la production dans l'UE a baissé, malgré la hausse des quotas, donc on ne peut les rendre responsables de la chute des prix", a dit son porte-parole pour les questions agricoles, Michael Mann.