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Au moins 208 personnes ont trouvé la mort depuis le début de l'offensive islamiste dans la capitale somalienne. Notre envoyé spécial Franck Berruyer s'est rendu dans un hôpital de campagne dépourvu de matériel et de moyens.

Deux nouvelles victimes viennent d’être conduites à l’hôpital de campagne à Mogadiscio. Les deux adolescents, blessés sur la route par l'explosion d'une mine, sont venus chercher des secours auprès des soldats de la mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom). Dans cet établissement de campagne, installé sous une simple tente surchauffée, les moyens sont rudimentaires. Sous une chaleur étouffante, les infirmières militaires tentent d'éloigner les insectes comme elles peuvent.

"Nous n’avons pas l’équipement nécessaire pour faire de la chirurgie orthopédique, et beaucoup de nos patients souffrent de fractures", déplore le docteur Joseph Asea, chef de l'hôpital de la mission de l’Amisom. Déployée dans la capitale somalienne depuis 2007, la mission de l’UA compte 4 300 soldats - ougandais et burundais - qui sont régulièrement la cible des insurgés.

"Après Dieu, on ne peut compter que sur soi"

Parmi les blessés se trouvent de nombreux combattants, notamment des soldats du gouvernement qui ne s'avouent pas vaincus. "Les shebab ont tué ma mère, lance l’un d’eux. Nous allons les chasser du marché de Bakara, nous allons les anéantir". Allongé sur un matelas, un soldat, âgé de 16 ans, promet de continuer les combats : "J'ai été blessé à la cheville mais rien n'est fini ! Les shebab menacent notre gouvernement mais nous sommes plus forts".

Combattants ou civils, ils sont tous acteurs et victimes de cette guerre qui dure depuis 1991. Depuis le début de l’offensive des insurgés islamistes, le 7 mai, le bilan est de 208 morts et de 700 blessés. Les victimes sont, pour la plupart, des civils. Ce dimanche, le pays a connu une journée de violence ordinaire avec sept morts dans l'explosion d'une voiture piégée à l'intérieur d'une caserne de militaires somaliens près du port de Mogadiscio.

Dans l’hôpital, 17 blessés attendent d’être rétablis, sans pour autant avoir été soignés. A l'extérieur, les familles attendent des médicaments. A Mogadiscio, après Dieu, on ne peut compter que sur soi. "Personne ne sait qui va contrôler la ville, dit une jeune mère. Mais, moi, je sais que mon fils est malade."


Autour de cet hôpital à ciel ouvert, beaucoup de patients n’osent pas témoigner. De peur des représailles.

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