Les analyses du fragment d'aile d'un Boeing retrouvé à La Réunion débutent mercredi à Toulouse. Les experts espèrent identifier l'origine du débris sa possible appartenance au MH370, mystérieusement disparu au-dessus de l'océan Indien en mars 2014.
Experts et enquêteurs entament ce mercredi 5 août à Toulouse, dans le sud de la France, les analyses du fragment d'aile de Boeing retrouvé à La Réunion, afin d'identifier son origine et sa possible appartenance au vol MH370, qui a disparu sans laisser de traces au-dessus de l'océan Indien le 8 mars 2014.
Depuis sa découverte sur une plage réunionnaise il y a une semaine, ce volet d'aile d'avion appelé flaperon, d'environ 2 m2, a "été officiellement identifié comme un morceau d'un Boeing 777", avait annoncé dimanche le ministère malaisien des Transports. La probabilité qu'il s'agisse du vol MH370 est donc réelle : aucun autre accident aérien n'a impliqué ce type d'appareil dans cette région du monde.
Les autorités australiennes ont annoncé mercredi que la provenance du débris d'aile trouvée sur l'île de La Réunion devrait être confirmée avant la fin de la semaine. "Les autorités malaisiennes et françaises pourraient être en mesure de faire une déclaration officielle sur la provenance de ce flaperon dans la semaine", a déclaré le vice-Premier ministre australien, Warren Truss.
Les expertises tant attendues se feront en présence de représentants français (la justice française s'est saisie de l'affaire car quatre des 239 disparus sont français), malaisiens (l'avion recherché appartenant à la compagnie nationale Malaysia Airlines), chinois (nationalité de 153 disparus), américains et de l'avionneur Boeing (constructeur de l'avion).
Les enquêteurs commenceront par vérifier la nature de la pièce et de quel type d'avion elle provient, en recoupant notamment leurs observations avec le numéro de série, les plans demandés au constructeur, les matériaux utilisés, les procédés de fabrication... Le fragment porte notamment l'inscription "657BB", qui indique, selon plusieurs experts, qu'il s'agit bien d'un flaperon de B777.
Peinture et crustacés
L'analyse de traces de peinture et de certaines inscriptions devrait également éclairer les enquêteurs. "Chaque compagnie aérienne peint ses avions d'une certaine façon et on doit pouvoir identifier que c'est bien une peinture provenant de Malaysia Airlines. Si la peinture est utilisée par Malaysia et d'autres compagnies, on pourra peut-être avoir plus de certitudes parce que les autres compagnies n'utilisent peut-être pas de Boeing 777 par exemple", explique Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA).
La structure métallique de l'objet sera également scrutée "avec les moyens modernes physiques et chimiques et notamment avec un microscope à balayage électronique qui peut grossir jusqu'à 100 000 fois", confie Pierre Bacary, ancien directeur des essais de la Délégation générale de l'armement (DGA). Le but : étudier "les ruptures locales de la pièce", voir si elle a été abîmée par "des sollicitations exceptionnelles" ou par "la répétition d'un très grand nombre de sollicitations moins fortes", poursuit-il.
L'étude des crustacés qui ont élu domicile sur le flaperon, ainsi que sur la poignée de valise découverte sur la même plage que le morceau d'aile et expertisée dans un laboratoire de région parisienne, servira peu à l'identification du vol.
D'après certains chercheurs, l'espèce et l'âge de ces crustacés pourraient toutefois permettre de déterminer combien de temps la pièce d'avion a séjourné dans l'eau, la température de cette eau, par où elle a cheminé. Ce qui livrerait des indices sur une zone où relancer les recherches d'éventuels autres débris.
Pour la psychologue Carole Damiani, identifier avec certitude les restes de l'avion disparu permettrait enfin aux familles des victimes d'entamer leur "travail de deuil".
Avec AFP